Gabon – Vers une alternative urgente à la SEEG ?
Libreville, 3 juin 2025 – Le ras-le-bol est palpable dans les foyers gabonais. Coupures incessantes d’électricité, pénuries d’eau, services dégradés… Le quotidien de millions de citoyens est rythmé par les défaillances de la SEEG, unique opérateur national de l’eau et de l’électricité. Malgré les promesses, les résultats se font attendre. Et une idée revient avec insistance : il est temps d’ouvrir la porte à une véritable concurrence.
Dysfonctionnements chroniques

Depuis plusieurs années, la SEEG accumule les critiques. Selon plusieurs rapports, l’entreprise perd entre 30 et 50 milliards de FCFA par an à cause de fraudes sur ses réseaux. Pire, moins de la moitié de l’eau produite est facturée, tandis que la dette cumulée de ses clients dépasse les 250 milliards de FCFA un gouffre financier dont l’État lui-même est responsable à hauteur de 72 milliards.
Sur le terrain, les délestages sont fréquents, parfois quotidiens. En août 2024, le fournisseur privé britannique Aggreko, qui assure environ 30 % de l’approvisionnement en électricité à Libreville, a menacé de suspendre ses services à cause de 15 milliards de FCFA de factures impayées par la SEEG. Le pays a frôlé le black-out.
Gestion opaque, grèves en série

En interne, la situation est tout aussi préoccupante. En juillet 2024, les agents de la SEEG ont organisé une grève dénonçant des irrégularités dans la gestion des ressources humaines et le non-respect de certains engagements sociaux. Quelques semaines plus tard, Brice Clotaire Oligui Nguema, ordonnait un audit complet de la société, dénonçant une gestion peu transparente et des détournements de fonds.
Une urgence nationale : diversifier les acteurs

Peut-on encore se permettre de dépendre d’un seul opérateur ? La réponse, pour beaucoup, est non. Il devient impératif de favoriser l’émergence d’un second acteur ou d’un consortium concurrent, capable d’injecter de l’innovation, de la rigueur et de la compétitivité dans un secteur aussi vital.
En s’inspirant d’autres pays africains ayant réussi à libéraliser partiellement leur marché énergétique, le Gabon pourrait amorcer une transition vers un système plus fiable, plus équitable, et plus adapté aux défis de demain.
Conclusion

Le monopole de la SEEG, jadis gage de centralisation et de contrôle, est aujourd’hui devenu une entrave au développement. Dans un pays riche en ressources naturelles mais encore vulnérable sur le plan des infrastructures, le temps n’est plus à la résignation, mais à l’action. Il faut ouvrir la porte à une concurrence saine, structurée et équitable. Pour que chaque foyer, chaque hôpital, chaque école ait enfin accès, durablement, à l’eau et à la lumière.


