Libreville, Owendo, Akanda, Ntoum ou même dans le fin fond d’Essassa : que celui qui n’a jamais entendu cette douce mélodie urbaine « Frangin, tu veux une chambre ou un studio ? J’ai un 2 pièces clean hein, juste faut payer les frais de visite ! » lève la main. Personne ? Normal.
Au Gabon, se loger est devenu un sport extrême où les arbitres s’appellent “démarcheurs”, “agents immobiliers” autoproclamés, parfois même “responsables d’agence” alors qu’ils n’ont jamais vu la façade d’une agence officielle, ni la queue d’une taxe à payer.
Des frais de visite qui piquent le cœur… et le portefeuille
D’abord, y a les “frais de visite”. Entre 5.000 et 10.000 FCFA pour aller visiter un studio où le robinet fait pssshh, les carreaux sont des survivants d’un tremblement de terre et le propriétaire vit à Paris, mais veut six mois de caution comme si tu allais ouvrir une banque dans sa maison. Si tu veux visiter deux appartements ? Double frais. Trois ? Tu finances carrément la tontine du démarcheur.
Les “agents” sans papier, ni macadam
La majorité de ces “agents” ne possèdent ni patente, ni registre de commerce, ni reçu, ni même une idée du mot “conformité”. Leur seul diplôme ? Savoir te baratiner avec un téléphone Nokia qui n’a plus de batterie mais qui vibre toujours. Et pourtant, ils exigent les fameux “frais d’agence” : parfois 25.000, parfois 50.000, parfois même un mois de loyer complet sans rien garantir à part un sourire tordu et un « si y a un souci, appelle-moi » qui ne répond plus jamais dès que tu entres dans la maison.
“Logement au Gabon” ou la trilogie infernale : Loyer, Caution, Frais d’agence
Le citoyen lambda, déjà essoufflé par les prix du riz, le transport et le crédit Moov, doit aujourd’hui payer l’équivalent de trois mois de salaire pour poser ses valises. Exemple : un studio à 100.000 FCFA ? Tu prévois 100.000 (loyer), 100.000 (caution), 100.000 (frais d’agence). Total : 300.000 FCFA pour dormir sur un matelas mousse made in Obangame.
Et pendant ce temps, l’État regarde le plafond…Les autorités, elles, ont sûrement un locataire dans chaque ministère, car personne ne semble se pencher sur cette jungle immobilière. Aucune régulation, aucun contrôle fiscal, pas même un petit spot de sensibilisation sur Gabon 1ère.
Quand vas-tu réglementer, ô République ?
Le Gabonais moyen réclame un simple miracle : un logement décent, à prix humain, sans se faire racketter au passage. Est-ce trop demander ? Visiblement, oui. En attendant, les démarcheurs roulent en car Toyota, pendant que le peuple dort dans les salons de leurs tontons.
Morale de l’histoire ?
Si tu entends “Viens visiter, c’est 5.000 seulement”, cours. Ou alors, ajoute “agent immobilier” sur ton CV, puisque c’est le seul secteur où tu peux facturer sans reçu, escroquer sans poursuite, et vivre grassement sans avoir jamais payé une taxe.
Prochaine enquête : comment les moustiques des maisons non ventilées exigent aussi leurs frais de sang.


