Le climat politique en République démocratique du Congo (RDC) est de plus en plus tendu. L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti du président Félix Tshisekedi, accuse l’ancien chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, d’être au cœur de la crise sécuritaire qui secoue l’Est du pays. Le parti au pouvoir va jusqu’à affirmer que Kabila serait en réalité rwandais, qu’il piloterait dans l’ombre l’Alliance Fleuve Congo (AFC) dirigée par Corneille Nangaa, et qu’il chercherait à déstabiliser le régime en place.

Félix Tshisekedi a publiquement déclaré que Kabila préparait une insurrection, affirmant : « L’AFC, c’est lui. » Ces propos ont été relayés et renforcés par Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, qui accuse Kabila d’être derrière la rébellion du M23 et d’avoir fui le pays dans la clandestinité.
Corneille Nangaa, ex-président de la CENI et actuellement à la tête de l’AFC, a été condamné à mort par contumace pour crimes de guerre et haute trahison. L’AFC, alliance politico-militaire incluant le M23, mène une guerre ouverte contre le pouvoir en place, appuyée selon Kinshasa par des puissances étrangères comme le Rwanda.

Après plusieurs mois de silence, Joseph Kabila est finalement sorti de sa réserve il y a quelques heures à travers un discours très attendu, dans lequel il a appelé à « la retenue » et à « la paix ». Ce discours coïncide avec son arrivée remarquée hier soir à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, une région particulièrement touchée par les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
Ce retour spectaculaire de Kabila sur le devant de la scène, au cœur même du conflit, ravive les soupçons et alimente les craintes d’une crise politique de grande ampleur. Le PPRD, parti de Kabila, dément toujours toute implication dans les violences, dénonçant une campagne de diabolisation.

Dans ce contexte instable, les autorités de Kinshasa ont réinstauré la peine de mort et poursuivent les chefs de l’AFC et leurs alliés. Un procès emblématique s’est ouvert, visant à établir les responsabilités et à dissuader toute tentative de renversement du pouvoir.
Alors que les regards se tournent vers Goma, le spectre d’un affrontement politique et militaire direct entre les camps Tshisekedi et Kabila semble se rapprocher dangereusement.


