La tension politique vient de franchir un nouveau palier en République démocratique du Congo. Le parti présidentiel, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), a lancé une charge frontale contre l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, l’accusant d’alignement avec les intérêts rwandais et de complicité indirecte avec la rébellion du M23 qui ensanglante l’est du pays.
La réaction, rendue publique dimanche 25 mai, fait suite à des propos critiques émis par Joseph Kabila à l’endroit du président en exercice, Félix Tshisekedi. Sans détour, un cadre de l’UDPS — visiblement autorisé à parler au nom du parti — a qualifié l’ex-président de « sujet rwandais », l’accusant de jouer un double jeu dangereux au profit de Kigali.
« Il est temps que Joseph Kabila cesse de jouer les faiseurs de paix alors qu’il alimente l’instabilité à travers le M23. Sa proximité historique avec les réseaux rwandais est un secret de Polichinelle. » a déclaré le porte-parole, dénonçant ce qu’il appelle « une tentative de sabotage de la souveraineté nationale. »
Une passe d’armes aux allures de guerre froide

Cette sortie musclée intervient dans un climat déjà chargé. La situation sécuritaire dans le Nord-Kivu continue de se détériorer, avec des affrontements réguliers entre les Forces armées de la RDC et les rebelles du M23. Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement ce groupe — une accusation que Kigali nie, tandis que Kabila garde un silence ambigu sur cette question, tout en se posant comme une figure de rassemblement nationale.
Or, pour l’UDPS, ce silence est lourd de sous-entendus. Les proches du président Tshisekedi dénoncent un retour calculé de l’ancien homme fort de Kinshasa sur la scène politique, sous couvert de patriotisme, alors qu’il aurait, selon eux, « laissé la maison Congo grande ouverte aux prédateurs » durant ses années au pouvoir.
Une rhétorique de rupture

La virulence des mots employés marque une rupture nette avec la prudence diplomatique généralement observée entre anciens et actuels chefs d’État. En qualifiant Joseph Kabila de « sujet rwandais », l’UDPS franchit une ligne rouge, insinuant une trahison de la nation et une collusion avec une puissance étrangère perçue comme ennemie.
« Kabila ne peut plus se draper dans les habits de patriote. L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont pactisé avec les ennemis de notre peuple. » a conclu le communiqué.
Un enjeu de fond : 2028 dans le viseur

Derrière cet échange de tirs verbaux se cache un enjeu politique plus profond. À trois ans de la prochaine présidentielle, les lignes commencent à bouger. Joseph Kabila, malgré son retrait officiel de la vie politique active, demeure une figure influente, notamment à travers sa famille politique, le Front Commun pour le Congo (FCC). Une résurgence de son influence pourrait gêner la stratégie de reconduction de Tshisekedi en 2028.
En se posant en défenseur de l’intégrité nationale face à un supposé « Kabila pro-rwandais », l’UDPS cherche non seulement à couper court à toute tentative de retour de l’ancien président, mais aussi à se repositionner comme le rempart ultime contre les ingérences étrangères — une posture qui pourrait séduire un électorat fatigué par la guerre à l’Est.
Analyse : Cet affrontement verbal pourrait bien n’être que le prélude à une nouvelle bataille politique majeure. Dans un pays où la mémoire des alliances douteuses est tenace, les mots employés ce 25 mai risquent de résonner longtemps. Le Congo entre peut-être dans une nouvelle ère de clarification politique, où les fidélités passées seront scrutées à la loupe. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20250526-kabila-aurait-d%C3%BB-se-taire-en-rdc-l-udps-r%C3%A9pond-%C3%A0-l-ancien-pr%C3%A9sident


