La Haye a parlé. L’Afrique écoute. Et le Gabon encaisse.
En ce 19 mai 2025, la Cour internationale de Justice (CIJ) a mis un terme à l’un des plus longs différends frontaliers du continent africain. Dans une décision aussi attendue que redoutée, la CIJ a tranché en faveur de la Guinée équatoriale, consacrant la souveraineté de Malabo sur l’île Mbanié ainsi que les îlots Conga et Cocotiers.C’est un séisme géopolitique qui secoue Libreville. Un tournant historique pour Malabo.
Le droit contre la mémoire

Pendant des décennies, le Gabon s’est accroché à la Convention de Bata de 1974 comme à une ancre diplomatique. Mais aujourd’hui, ce texte vacille sous le poids des arguments juridiques équato-guinéens. La CIJ a reconnu la force des titres de propriété et des démonstrations cartographiques présentés par Malabo, balayant les prétentions historiques de Libreville. Ce verdict entérine une nouvelle lecture des frontières maritimes africaines.
Sous les eaux, l’or noir

Loin d’être une querelle d’îlots perdus, cette bataille avait des allures de guerre froide énergétique. Mbanié et ses sœurs d’écume reposent sur une zone potentiellement riche en hydrocarbures. Ce jugement redessine les lignes de souveraineté dans le Golfe de Guinée, avec en toile de fond les intérêts pétroliers internationaux. Derrière les sourires diplomatiques, les multinationales prennent déjà position.
Victoire diplomatique pour Malabo, désillusion nationale pour Libreville

À Malabo, c’est l’euphorie. Le président Teodoro Nguema Obiang Mangue parle d’une « victoire de la vérité sur la provocation ». À Libreville, le silence pèse. Le gouvernement de transition, déjà confronté à de multiples défis internes, voit sa position fragilisée sur la scène régionale.
Les populations riveraines, longtemps tenues dans l’ignorance de ce litige complexe, découvrent aujourd’hui l’ampleur d’un contentieux qui dépasse les simples cartes. Il interroge l’histoire coloniale, la diplomatie africaine et les limites de la souveraineté post-indépendance.Et maintenant ?
Le Gabon doit panser une blessure diplomatique profonde. Fera-t-il appel au dialogue bilatéral ? Rejoindra-t-il la table des négociations énergétiques avec Malabo et les compagnies pétrolières ? Ou s’engagera-t-il dans un repli stratégique douloureux mais réaliste ?Une chose est sûre : l’Afrique vient d’assister à une démonstration du droit international qui résonnera longtemps dans les chancelleries du continent.
L’affaire Mbanié est close. Mais ses conséquences, elles, ne font que commencer.


