Rivalité entre les processus de Luanda et de Nairobi

Origines des processus de paix
La République Démocratique du Congo (RDC) souffre depuis longtemps de conflits armés, exacerbés par les tensions régionales avec des pays voisins comme le Rwanda. Dans ce contexte chaotique, deux initiatives de paix ont pris forme : le processus de Luanda et celui de Nairobi. Le premier, lancé le 23 novembre 2022 par le président angolais João Lourenço, vise à apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda tout en répondant à la crise liée à la rébellion du M23. De son côté, le processus de Nairobi, initié en avril 2022 par l’Autorité est africainedil (EAC) par l’ex-président kényan Uhuru Kenyatta, se concentre sur l’éradication de tous les groupes armés, qu’ils soient locaux ou étrangers, dans l’Est de la RDC.
Cette dualité des approches souligne des intérêts géopolitiques variés et des visions divergentes concernant le chemin à suivre pour restaurer la paix. Luanda préfère un dialogue direct entre les États concernés, tandis que Nairobi vise un désarmement plus général de tous les acteurs armés. Cette dissonance a engendré une rivalité palpable, chaque processus cherchant à s’imposer comme le cadre principal de la résolution des conflits en RDC.

Les enjeux politiques et diplomatiques
La rivalité entre ces deux processus va au-delà des simples différences de méthodes. Elle est ancrée dans des enjeux politiques et diplomatiques complexes. Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’État responsable des Affaires étrangères congolaise, a récemment souligné l’importance d’un alignement des deux initiatives sous l’égide de l’Union africaine. Cette position reflète la volonté de la RDC d’éviter de choisir un camp et de ne pas se retrouver isolée dans un processus favorable à un acteur plutôt qu’à un autre.
Le processus de Luanda bénéficie également du soutien du président Félix Tshisekedi, qui fait preuve de confiance envers la médiation de João Lourenço. Lors d’une récente rencontre lors du sommet de la Troïka de la SADC, Tshisekedi a réaffirmé son engagement envers cette initiative, soulignant le rôle crucial de la diplomatie angolaise pour résoudre les tensions régionales. En revanche, bien que le processus de Nairobi possède ses propres soutiens, certains le perçoivent comme trop éloigné des réalités politiques congolaises, ce qui peut compromettre son efficacité.

Conséquences et perspectives d’avenir
Les répercussions de cette rivalité sont préoccupantes et multiples. L’annulation, le 15 décembre 2024, d’un sommet tripartite entre la RDC, le Rwanda et l’Angola, prévu pour sceller un accord de paix, est perçue comme un échec du processus de Luanda. Ce revers a non seulement exacerbé les tensions entre les pays concernés, mais a aussi mis en lumière les difficultés de coordination entre les différentes initiatives de paix. Les acteurs régionaux et internationaux doivent désormais naviguer dans un paysage diplomatique chargé, où la méfiance et les rivalités historiques compliquent les efforts de paix.
À l’avenir, la question cruciale est de savoir comment les processus de Luanda et de Nairobi peuvent coexister sans s’entraver mutuellement. Peut-être la solution précise-t-elle dans une approche collaborative, intégrant les deux initiatives au sein d’un cadre plus large sous l’égide de l’Union africaine. Cela demanderait un engagement sincère des dirigeants congolais, rwandais et angolais, ainsi qu’une volonté de surmonter les rivalités historiques au profit d’une paix durable.
La rivalité entre les processus de Luanda et de Nairobi évoque des questions cruciales sur l’avenir de la paix en RDC. Alors que les tensions persistent, il est impératif de chercher des voies pour favoriser un dialogue constructif et inclusif. Les acteurs régionaux et internationaux sont-ils prêts à dépasser leurs intérêts divergents pour œuvrer ensemble en faveur d’une paix durable ?