vendredi 15 novembre 2024
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La fin du régime Bongo : Les scorpions enfin à la barre !

Contexte

Dans son édition du 23 mai 2024, le journal national L’Union a révélé l’information de la tenue de la première session criminelle spécialisée. Au cours de cette session, qui se déroulera du 24 mai au 24 juin 2024, se tiendront les procès tant attendus des Scorpions, qui ont fait couler beaucoup d’encre au cours des quatre dernières années.

L’opinion publique et le peuple gabonais se souviendront de la dite opération qui avait entraîné la chute d’une trentaine de hauts cadres de l’administration pour des faits de corruption et de blanchiment de capitaux de plusieurs milliards de FCFA. À l’époque et durant les quatre années suivantes, une grande majorité des médias nationaux et internationaux, tout comme la presse présidentielle, avaient relayé l’information d’une organisation savamment orchestrée par Brice Laccruche Alihanga, ancien Directeur de Cabinet du président déchu Ali Bongo Ondimba.

Traitement impartial de l’information et ingérence politique ?

Les présumés coupables, depuis la prison centrale de Libreville, n’ont, à l’instar de Brice Laccruche Alihanga et plus récemment de Justin Ndoundangoye, cessé de clamer leur innocence et d’arguer un règlement de compte minutieusement orchestré par Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin.

En juillet 2022, se tenaient les procès d’Ike Ngouoni, ancien porte-parole de la Présidence de la République, et de Patrichi Tanasa, ancien Administrateur Directeur Général de la GOC. À l’issue de la session criminelle, tous deux seront condamnés respectivement à 8 ans et 12 ans de prison. Sans préjuger de la sévérité ou de la clémence du verdict des jurés, il est essentiel de s’interroger sur le traitement particulier réservé à l’ancienne famille régnante Bongo citée dans chacun des cas.

Le monde entier découvrira au cours de ces audiences publiques que, selon les dires des accusés et les nombreux éléments factuels fournis par la défense, la dite famille et les proches de l’ancien système étaient supposément impliqués dans les faits reprochés.

Durant le procès de Patrichi Tanasa, ce dernier révéla que l’ancienne Première Dame, Sylvia Bongo Ondimba, aurait reçu par l’intermédiaire de Jessy Ella Ekogha plus d’un demi-milliard de FCFA en espèces, tandis que son fils Noureddin Bongo Valentin aurait perçu la somme d’un milliard cinq cents millions de FCFA. Tel un pied de nez à la justice ou une instrumentalisation de cette dernière, et ce, malgré les convocations à comparaître lors de l’audience, les deux protagonistes ne se présenteront pas et aucune enquête ne sera ouverte.

Au cours du procès d’Ike Ngouoni, accusé de détournement de fonds publics, ce sera cette fois-ci l’ancien Président Ali Bongo qui sera mis en exergue. Selon la défense, les chefs d’inculpation ne seraient pas imputables à leur client, car les fonds proviendraient non pas d’un compte public mais du compte personnel de l’ancien chef d’État. Des relevés bancaires étayant le plaidoyer des avocats de l’accusé avaient d’ailleurs été produits durant la séance. Pourquoi une telle information mettant en lumière l’ancien tenant du pouvoir n’a-t-elle pas été prise en compte ? Si les allégations et documents fournis par M. Ike Ngouoni sont avérés, d’où proviennent les fonds de ce compte privé ?

Nous nous souviendrons également qu’au cours des quatre années suivant l’arrestation des BLA Boys, de nombreuses allégations, accusations et autres tentatives de manipulation de l’opinion publique étaient relayées par la presse « gouvernementale » au détriment de la justice et de son droit fondamental portant sur le secret de l’instruction. Afin d’étayer nos écrits, qu’est devenu le média phare lalibreville.com et ses nombreux satellites (https://lelibrevillois.com/) sous le règne de la « Young Team » supposément administrée par l’ancien porte-parole de la Présidence Jessy Ella Ekogha ? Ceux-là mêmes qui révélaient publiquement des informations judiciaires alors que les avocats de la défense des prévenus n’y avaient pas accès.

Depuis le coup de la libération en août 2023, la chute de la famille Bongo et la prise de pouvoir par le Général Président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguéma, la donne pourrait avoir changé.

Des irrégularités dans la procédure judiciaire

Tout au long de l’opération Scorpion, au-delà du fond sur lequel la justice se penchera très prochainement, la forme a fait l’objet de nombreuses plaintes et communiqués.

L’ONU, par son groupe de travail sur les Droits de l’Homme et la Détention Arbitraire, avait d’ailleurs officiellement dénoncé le Gabon (Décision de l’ONU) et demandé la libération immédiate des plaignants.

Le pouvoir d’antan, pourtant membre de l’ONU, en avait fait fi, arguant de l’ingérence de la dite organisation et du respect de la souveraineté.

Propos repris et assumés par l’ancien porte-parole de la Présidence Jessy Ella Ekogha ainsi que par Ali Bongo Ondimba lui-même lors d’une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique.

Ironie du sort, ces derniers, aujourd’hui confrontés à la justice, se retournent vers l’organisme international qu’ils ont à l’époque dénigré.

On se rappellera également des sévices corporels prétendument subis par de nombreux prévenus durant leur détention. Tortures dénoncées par leurs avocats sans qu’aucune conclusion d’enquête ne soit rendue publique.

À cela s’ajoute l’intervention publique de nombreuses ONG, à l’instar du REDHAC qui en son temps s’était insurgées premièrement contre les conditions de détention des BLA Boys, tenus à l’isolement complet et au secret total pendant plus de quatre années, malgré la violation flagrante des droits fondamentaux gabonais et internationaux.
Et deuxièmement contre l’état alarmant de santé de Brice Laccruche Alihanga souffrant d’un cancer du colon.

En conclusion, la procédure tout au long de l’opération Scorpion a été entachée de nombreuses irrégularités qui pourraient faire pencher la justice en faveur d’une décision favorable pour les accusés.

Conclusion

L’épilogue de l’affaire Scorpion devrait se connaitre dans les prochaines semaines et bien que l’issue soit incertaine c’est un pan de la gestion de l’administration publique Gabonaise sous la Présidence d’Ali Bongo Ondimba qui sera mise en lumière. Les scorpions comme ils l’ont crié hauts et forts durant toutes ces années sont ils les victimes ou les boucs émissaires de l’ancien système ? Affaire a suivre !

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