Défis et Stratégies du Secteur Forestier Gabonais

Une Contraction Alarmante de la Production
En 2023, le secteur forestier gabonais a connu une baisse inquiétante de 11,8 % de sa production, s’élevant à 3,83 millions de m³, selon le ministère des Eaux et Forêts. L’Okoumé, essence phare du pays, a enregistré une diminution de 5,3 %. D’autres espèces, comme l’Andong et l’Azobé, ont vu leur production chuter de 19,9 % et 15,9 %, respectivement. Ces chiffres révèlent une tendance préoccupante qui pourrait avoir des conséquences économiques à long terme.
Les raisons de cette contraction sont variées. Des restrictions environnementales strictes, imposées par l’État, ainsi que des normes d’exploitation rigoureuses freinent considérablement les activités. À cela s’ajoutent les exigences du marché international en matière de traçabilité et d’origine du bois, rendant la tâche encore plus ardue pour les producteurs locaux. Un représentant du ministère a souligné que ces contraintes créent un climat difficile pour l’industrie.
La politique visant à encourager la transformation locale du bois, bien qu’utile pour créer de la valeur ajoutée, présente des défis pour les entreprises qui doivent moderniser leurs équipements. Selon un industriel, cette transition requiert des investissements conséquents, souvent inaccessibles pour les petites et moyennes entreprises. Ainsi, cette contraction n’est pas uniquement une question de volume, mais représente également une menace pour la viabilité économique des acteurs du secteur.

Les Défis Logistiques et Infrastructurels
Les défis logistiques constituent un obstacle majeur à la production forestière au Gabon. En 2023, la livraison de bois aux usines locales a chuté de 6,2 %, atteignant 2,47 millions de m³. Cette situation est aggravée par des infrastructures routières en mauvais état et des coûts de transport en hausse, compliquant l’acheminement du bois. Un responsable d’une entreprise de transformation a noté que ces obstacles logistiques perturbent la chaîne d’approvisionnement et augmentent les coûts d’exploitation.
Par ailleurs, la concentration de la production dans des provinces comme le Woleu-Ntem et l’Ogooué-Lolo engendre des déséquilibres dans l’approvisionnement. Les provinces moins prolifiques, telles que l’Ogooué-Maritime, qui ne représente que 3 % de la production, souffrent d’une situation géographique peu propice à l’exploitation forestière. Cela met en lumière la nécessité d’une approche intégrée pour le développement harmonieux du secteur forestier.
Pour résoudre ces défis logistiques, il est crucial d’améliorer les infrastructures de transport et de renforcer les capacités des entreprises à gérer leur chaîne d’approvisionnement. Des investissements dans les routes et les systèmes de transport pourraient faciliter la livraison du bois et diminuer les coûts, apportant ainsi des bénéfices à l’ensemble du secteur.

Vers un Aménagement Durable
Pour assurer un aménagement durable du secteur forestier, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. D’abord, le renforcement des capacités financières des entreprises est essentiel pour moderniser leurs infrastructures. Cela pourrait passer par des subventions gouvernementales ou des partenariats public-privé facilitant l’accès à des financements adaptés.
Ensuite, la promotion des Concessions Forestières sous Aménagement Durable (CFAD) est primordiale. Représentant 91 % de la production nationale, ces concessions sont vitales pour une exploitation responsable des ressources forestières. Un encadrement renforcé des exploitants et une lutte accrue contre l’exploitation illégale doivent également devenir des priorités pour protéger les forêts gabonaises.
Enfin, il est crucial d’optimiser la valorisation locale du bois. Cela implique non seulement de transformer le bois sur place, mais aussi de développer des produits à valeur ajoutée répondant aux exigences du marché international. En diversifiant ses produits et en améliorant leur qualité, le Gabon pourrait solidifier sa position sur le marché mondial tout en préservant ses ressources naturelles.
Le secteur forestier gabonais fait face à des défis indéniables, mais ceux-ci sont surmontables. En adoptant des stratégies d’aménagement durable et en investissant dans des infrastructures modernes, le Gabon peut revitaliser son secteur forestier et maintenir la pérennité de ses précieuses ressources naturelles. Quelles autres initiatives pourraient être envisagées pour soutenir ce secteur vital ? Les acteurs de la filière sont-ils prêts à relever ensemble ces défis ?


