La République gabonaise franchit un jalon institutionnel décisif. Ce samedi, la Secrétaire générale de la présidence de la République, Murielle Minkoué Mezui Mintsa, a levé le voile sur l’identité des neuf (09) juges constitutionnels appelés à former le nouveau collège de la Cour constitutionnelle post-transition. Une annonce solennelle, faite dans le strict respect de l’article 123 de la Constitution, qui consacre la fin progressive d’une séquence politique exceptionnelle ouverte le 30 août 2023.
Une nomination encadrée par la Constitution

Conformément au texte fondamental, la désignation des juges obéit à un savant équilibre institutionnel : trois juges nommés par le président de la République, deux par le président du Sénat, deux par le président de l’Assemblée nationale, deux par le Conseil supérieur de la magistrature.
Un mécanisme pensé pour garantir pluralité, indépendance et légitimité à la plus haute juridiction du pays.
Les neuf visages de la nouvelle Cour

Le collège constitutionnel est désormais composé de : Joseph Owondault Berre, Aurélie Scholastique Essiwanguénda Rembonguino, Dieudonné Aba’a Owono, Euloge Moussavou Bouassa Dékérinzambi, Afrikita Dolorès Agondjo, Solange Marthe Nguiakié, Valentin Lossangoye, Sosthène Lékogho et Mold Mossala Mounguéngui.
Deux figures bien connues font leur retour : Dieudonné Aba’a Owono, président sortant de la Cour constitutionnelle de la transition, et Afrikita Dolorès Agondjo, juriste et héritière d’un nom historique de l’opposition gabonaise, celui de feu Pierre Louis Agondjo Okawé, fondateur du Parti gabonais du progrès (PGP).
Gardienne de la Constitution et arbitre de la démocratie

Institution cardinale de l’architecture républicaine, la Cour constitutionnelle veille au respect de la Constitution, contrôle la constitutionnalité des lois et des actes réglementaires, protège les droits fondamentaux et les libertés publiques. Elle est également l’arbitre suprême du jeu électoral, chargée de contrôler la régularité des élections et des référendums, et d’en proclamer les résultats définitifs.
À cela s’ajoute une mission souvent décisive mais moins visible : le règlement des conflits d’attribution entre les institutions de l’État, un rôle clé dans la stabilité et la cohérence de l’action publique.
Le dernier verrou de la transition

Sous réserve de la mise en place imminente du bureau du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC), cette nouvelle configuration de la Cour constitutionnelle apparaît comme l’un des derniers actes structurants de la transition. Elle symbolise la volonté des autorités de refermer, par le droit et les institutions, la parenthèse ouverte par le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba et du Parti démocratique gabonais (PDG).
Plus qu’une simple nomination, c’est un signal politique fort : celui d’un retour assumé à l’ordre constitutionnel, avec une Cour appelée à être le rempart juridique de la démocratie gabonaise naissante.

