Le rôle des femmes dans le développement économique du Cameroun

Un levier essentiel pour l’économie camerounaise
Au Cameroun, la contribution des femmes au développement économique est souvent minimisée. Pourtant, elles constituent une part essentielle de la main-d’œuvre, surtout dans les secteurs agropastoral et informel. Les recherches menées par le PNUD révèlent que les femmes rurales sont au cœur de la production alimentaire et de la gestion des ressources naturelles. Leur autonomisation peut donc jouer un rôle clé dans la sécurité alimentaire et le développement économique du pays.
Le Ministre camerounais des Relations Extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a récemment souligné ce point lors de la 46ème Conférence Ministérielle de la Francophonie à Kigali. Il a proposé l’élaboration d’un manifeste en faveur des femmes rurales francophones, visant à valoriser leur rôle et à leur faciliter l’accès aux opportunités économiques. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de promotion d’une réforme inclusive, comme l’a également affirmé le Président Paul Biya, qui fait des femmes et des jeunes une priorité.
Intégrer les femmes dans les processus décisionnels et leur fournir des formations adaptées pourrait non seulement améliorer la productivité, mais aussi favoriser l’innovation. Ceci est particulièrement important dans un contexte où le chômage, surtout parmi les jeunes et les femmes, reste élevé.

Initiatives gouvernementales et financement
Pour renforcer l’autonomisation des femmes, le gouvernement camerounais a mis en œuvre plusieurs initiatives, dont le Projet de Promotion de l’Inclusion Économique et de l’Employabilité des Femmes et des Jeunes (PROPIEJ). Ce projet, nécessitant un financement de 106 milliards FCFA, vise à dynamiser l’entrepreneuriat local et à améliorer l’employabilité des femmes et des jeunes. Lors de la Conférence des Bailleurs de Fonds à Yaoundé, les responsables gouvernementaux ont souligné la nécessité de mobiliser ces ressources pour assurer le succès de cette initiative.
Le PROPIEJ, soutenu par des partenaires internationaux tels que le PNUD et la Banque mondiale, a pour but de renforcer la production agropastorale et halieutique nationale. L’exportation de produits locaux, comme le manioc transformé, représente une opportunité significative pour réduire le chômage, notamment parmi les femmes. Les groupes de femmes sont encouragés à se rapprocher du Ministère du Commerce pour saisir ces occasions de croissance.
En parallèle, un Fonds Spécial pour l’autonomisation économique des femmes et l’emploi des jeunes, doté de 50 milliards FCFA, a été créé. Cela témoigne de l’engagement du gouvernement à répondre aux besoins croissants d’inclusivité et d’opportunités économiques. Cette mesure phare du budget 2026, présentée par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, illustre la détermination de créer un environnement propice à l’épanouissement des femmes dans l’économie.

Défis et perspectives d’avenir
Malgré ces progrès, des défis demeurent. Les femmes, en particulier celles des zones rurales, rencontrent encore des obstacles tels que l’accès limité au crédit, à la formation et aux marchés. Ces contraintes freinent leur capacité à s’investir pleinement dans des activités génératrices de revenus. De plus, les inégalités de genre entravent leur participation dans les instances décisionnelles.
Pour surmonter ces défis, il est fondamental d’adopter une approche intégrée qui favorise l’égalité des sexes. Cela implique la mise en place de programmes de sensibilisation pour changer les mentalités et promouvoir le rôle des femmes dans l’économie. Le soutien à l’éducation et à la formation professionnelle est également crucial pour permettre aux femmes de développer les compétences nécessaires à leur autonomisation.
En conclusion, le développement économique du Cameroun doit impérativement passer par l’intégration des femmes dans tous les secteurs. Les initiatives existantes, bien que prometteuses, nécessitent des actions concrètes et un financement adéquat pour être pleinement efficaces. La question persiste : comment le Cameroun peut-il garantir que les femmes occupent une place centrale dans son développement économique futur ?


