Défis de la biodiversité dans les forêts tropicales du Cameroun

Pression croissante sur les forêts tropicales
Le Cameroun, cinquième producteur mondial de cacao, subit une pression alarmante sur ses forêts tropicales. Le projet d’augmenter la production de cacao d’ici 2030 entraîne une déforestation inquiétante. En 2024, le pays a enregistré une perte de forêt sans précédent, certains districts perdant jusqu’à 43 % de leur couverture forestière depuis 2020. Cette catastrophe menace gravement des espèces en danger critique d’extinction, comme les gorilles des plaines de l’Ouest et les éléphants de forêt.
La déforestation, souvent motivée par des considérations économiques, pose des problèmes éthiques et environnementaux. Les forêts tropicales, riches en biodiversité, jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat et l’équilibre des écosystèmes. La destruction de ces habitats naturels compromet non seulement la survie des espèces, mais également les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de ces ressources vitales.
Les experts, dont Célestin Tina Biyo’o de la Communauté et Développement Durable (CODED), insistents sur l’importance d’éviter les erreurs passées observées dans le secteur du bois pour éviter des conséquences similaires dans la culture du cacao. Il est impératif de mettre en place des stratégies de conservation robustes afin de protéger les forêts tout en prenant en compte les besoins économiques des agriculteurs.

Pauvreté et déforestation : un cercle vicieux
Au Cameroun, la pauvreté des agriculteurs est un facteur déterminant de la déforestation. Environ 69 % de la population rurale vit sous le seuil de pauvreté, entraînant une exploitation accrue des ressources forestières pour leur survie. L’extension des terres agricoles, au détriment des forêts, devient une stratégie de subsistance. Ce phénomène établit un cercle vicieux qui, en détruisant les forêts, amplifie la perte de biodiversité et accentue la pauvreté.
Souvent mal rémunérés et démunis d’accès aux ressources nécessaires, ces agriculteurs se retrouvent piégés dans une impasse. Les entreprises doivent absolument améliorer la traçabilité de leurs chaînes d’approvisionnement et garantir des salaires équitables aux producteurs. Une telle démarche pourrait non seulement favoriser la protection des forêts, mais également améliorer les conditions de vie des agriculteurs.
Des initiatives visant à adopter des pratiques agricoles durables et à encourager des systèmes de certification ont le potentiel d’être des alliées précieuses dans la lutte contre la déforestation. En se tournant vers des méthodes respectueuses de l’environnement, les agriculteurs pourraient non seulement augmenter leur productivité, mais également préserver la biodiversité.

Réglementations et initiatives internationales
Pour faire face à ces enjeux, le gouvernement camerounais a initié des mesures visant à établir un système national de gestion du cacao et à réguler les intermédiaires. Cette stratégie cherche à renforcer la durabilité de la production tout en protégeant les forêts. Parallèlement, l’Union européenne (UE) intensifie son assistance pour aider le Cameroun à se conformer au règlement sur la déforestation (EUDR) adopté en 2023.
Ces efforts sont cruciaux pour instaurer un cadre réglementaire capable de favoriser la conservation de la biodiversité et le développement économique. Toutefois, leur mise en œuvre nécessite une collaboration étroite entre le gouvernement, les entreprises et les communautés locales. Sensibiliser et éduquer les agriculteurs sur les pratiques durables est également essentiel pour assurer le succès de ces initiatives.
En somme, la lutte contre la déforestation au Cameroun requiert une approche intégrée, prenant en compte les réalités économiques des agriculteurs tout en préservant la biodiversité. Les défis sont colossaux, mais avec une volonté politique affirmée et un engagement collectif, il est possible de créer un équilibre entre développement et conservation de l’environnement.
Les enjeux de la déforestation au Cameroun soulèvent des questions fondamentales. Comment concilier développement économique et préservation de la biodiversité ? Quelle place pour les acteurs locaux dans la protection de leurs ressources naturelles ? Quelles stratégies adopter pour garantir un avenir durable aux forêts tropicales du Cameroun ? Ces interrogations, d’une importance capitale, méritent une attention soutenue alors que le pays navigue dans ces eaux tumultueuses.


