Exportation de manioc déshydraté : un tournant pour l’économie camerounaise

Une opportunité stratégique pour les producteurs locaux
Le 3 décembre 2025, Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce du Cameroun, a présenté une initiative qui pourrait changer la donne : une entreprise indienne se prépare à acquérir des quantités substantielles de manioc déshydraté pour l’industrie bovine et laitière en Inde. Cette annonce s’inscrit dans le cadre du Septennat de la Grandeur et de l’Espérance du Président Paul Biya, visant à stimuler la production locale. Elle représente une chance unique de revitaliser l’agriculture camerounaise, offrant ainsi de nouveaux débouchés aux producteurs de manioc.
Au Cameroun, le manioc est une culture vivrière d’une importance capitale, souvent sous-estimée sur le plan commercial. L’ouverture vers l’Inde promet d’augmenter la demande, poussant les agriculteurs à intensifier leur activité. Des experts en agroéconomie estiment que cette initiative pourrait professionnaliser la filière manioc. Cela passera par l’amélioration des méthodes de culture et de transformation. Les producteurs pourraient ainsi bénéficier d’une formation et d’un accompagnement technique, renforçant ainsi leur compétitivité sur le marché international.
De surcroît, l’exportation de manioc déshydraté pourrait contribuer à réduire le chômage, notamment parmi les jeunes et les femmes, qui constituent une part importante de la main-d’œuvre agricole. En stimulant l’industrie agro-alimentaire, cette initiative pourrait créer des emplois dans divers domaines tels que la transformation, la logistique et la distribution, insufflant ainsi une nouvelle dynamique à l’économie locale.

Un impact économique significatif
Les retombées économiques de cette initiative vont bien au-delà de la création d’emplois. L’exportation de manioc déshydraté est appelée à générer des devises cruciales pour l’économie camerounaise. D’après la Banque mondiale, cette augmentation des exportations agricoles pourrait dynamiser le PIB, diversifiant ainsi les sources de revenus du pays. Cela revêt une importance particulière, alors que le Cameroun cherche à diminuer sa dépendance vis-à-vis des exportations de pétrole.
En outre, cette démarche pourrait consoler la position du Cameroun en tant que leader régional dans la production de manioc. Avec des conditions climatiques et des sols favorables, le pays bénéficie d’un avantage comparatif. En forgeant des partenariats avec des entreprises indiennes, le Cameroun pourrait également tirer profit de transferts de technologies et de savoir-faire, bonifiant ainsi la qualité de sa production.
À noter, l’exportation de manioc déshydraté pourrait également s’inscrire dans une logique de durabilité pour l’agriculture camerounaise. En intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement, les producteurs ne répondraient pas seulement à une demande mondiale, mais pourraient préserver les ressources naturelles du pays. Cette transition vers une agriculture plus résiliente pourrait garantir la sécurité alimentaire de la population locale face aux enjeux climatiques actuels.

Vers une revalorisation des agricultures villageoises
Cette initiative d’exportation pourrait également revitaliser les agricultures villageoises, souvent laissées pour compte dans les politiques agricoles. En incitant les agriculteurs à s’organiser en coopératives, le gouvernement pourrait favoriser une structuration accrue de la production et de la commercialisation. Ceci permettrait d’augmenter les quantités exportées tout en assurant des prix équitables pour les producteurs.
Des figures influentes du secteur, comme l’influenceur Shance Lion, insistent sur la nécessité de cette dynamique pour promouvoir le manioc camerounais sur les marchés internationaux. Faire du manioc un produit d’exportation stratégique est non seulement un enjeu économique, mais aussi un acte de préservation d’une culture vivrière ancrée dans les traditions culinaires et sociales camerounaises.
Enfin, il devient impératif d’interroger les modalités concrètes de mise en œuvre de cette initiative. Les acteurs de l’agro-industrie doivent se rapprocher du Ministère du Commerce pour tirer parti de cette opportunité. Des préoccupations entourent la capacité des producteurs à répondre à cette nouvelle demande, ainsi que les infrastructures requises pour soutenir cette croissance. Le succès de cette initiative dépendra de la collaboration constructive entre le gouvernement, les producteurs et les entreprises privées.
En conclusion, l’exportation de manioc déshydraté vers l’Inde constitue une formidable opportunité pour l’agriculture camerounaise. Toutefois, il est indispensable de suivre attentivement son avancement et d’évaluer ses répercussions à long terme. Comment les producteurs locaux s’adapteront-ils à cette demande croissante ? Quelles mesures seront mises en place pour garantir une production durable et équitable ? Ces questions méritent une attention particulière pour tracer un avenir prometteur à l’agriculture camerounaise.


