Le potentiel halieutique du Cameroun

Un modèle inspirant : le Sénégal
Le Sénégal s’est établi comme un leader halieutique en Afrique de l’Ouest, avec une production annuelle moyenne de 450 000 tonnes de poissons. Ce succès résulte de la richesse de ses ressources maritimes, alimentée par ses quatre fleuves et son littoral de 700 km. Sous la présidence de Wade, le pays a généré 400 millions de dollars en 2021, soit 10,2 % de ses exportations. Cela met en lumière non seulement l’importance de la pêche dans l’économie sénégalaise, mais également le potentiel inexploité d’autres pays de la région, comme le Cameroun.
Avec un littoral de plus de 1000 km et des ressources maritimes variées, le Cameroun dispose d’atouts considérables pour développer son secteur halieutique. Pourtant, en dépit de ces avantages, le pays importe la majorité de ses produits halieutiques. Cette situation soulève des interrogations sur la gestion de ses ressources maritimes et l’urgence d’une stratégie nationale efficace pour transformer cette richesse en opportunités économiques.
En prenant exemple sur le Sénégal, le Cameroun pourrait non seulement accroître sa production halieutique, mais aussi créer des emplois et stimuler sa croissance économique. L’instauration d’une politique de gestion durable des pêcheries, semblable à celle du Sénégal, pourrait constituer un premier pas vers cette transformation.

Les défis à relever
Malgré son potentiel, le Cameroun est confronté à plusieurs défis qui freinent le développement de son secteur halieutique. L’un des principaux concerne l’organisation des pêcheries traditionnelles dans les 58 départements du pays. Ces pêcheries, souvent informelles, peinent à optimiser leur efficacité et leur durabilité. Une approche structurée pourrait non seulement améliorer la production, mais également garantir la sécurité alimentaire des populations locales.
De surcroît, la surpêche et l’utilisation d’engins destructeurs menacent la biodiversité marine et la pérennité des ressources halieutiques. Il est impératif d’adopter des mesures politiques audacieuses, telles que des réglementations strictes sur la pêche et des campagnes de sensibilisation pour éduquer les pêcheurs sur des pratiques durables.
Enfin, la santé publique est également une préoccupation majeure. La forte dépendance aux importations expose la population à des risques sanitaires, notamment en matière de qualité et de sécurité alimentaire. En développant sa production locale, le Cameroun pourrait non seulement améliorer la santé de ses citoyens, mais également alléger son budget public en réduisant les dépenses d’importation.

Vers une stratégie halieutique durable
Pour que le Cameroun devienne un leader dans le secteur halieutique, il est essentiel de concevoir une stratégie nationale prenant en compte les spécificités locales tout en s’inspirant des meilleures pratiques à l’international. Cela pourrait comprendre des investissements dans les infrastructures de pêche, la formation des pêcheurs et le développement de technologies durables. De plus, la coopération régionale avec d’autres pays d’Afrique de l’Ouest pourrait renforcer la capacité du Cameroun à gérer efficacement ses ressources maritimes.
Des initiatives comme la création de zones maritimes protégées pourraient jouer un rôle crucial dans la préservation des écosystèmes marins tout en soutenant l’activité halieutique. En outre, le gouvernement devrait explorer des partenariats public-privé pour stimuler l’innovation et attirer des investissements dans le secteur.
Enfin, impliquer les communautés locales dans la gestion des ressources halieutiques est primordial. Leur connaissance des pratiques traditionnelles et leur engagement envers la durabilité constituent des atouts précieux pour mettre en œuvre une stratégie halieutique réussie. En intégrant ces acteurs dans le processus décisionnel, le Cameroun pourra renforcer son secteur halieutique tout en favorisant un développement économique inclusif.
Le Cameroun peut-il transformer son potentiel halieutique en un véritable moteur de croissance économique ? Quelles actions concrètes doivent être mises en œuvre pour garantir une gestion durable de ses ressources maritimes ? Ces questions méritent d’être explorées afin d’envisager un avenir prometteur pour le secteur halieutique camerounais.


