Le Mali a récemment entrepris une réforme majeure de ses programmes scolaires, marquée par une décision audacieuse et largement commentée : la réduction de certains contenus consacrés à l’histoire étrangère, notamment à la Révolution française de 1789. Une mesure qui peut surprendre à première vue, mais qui s’inscrit en réalité dans une démarche pédagogique et identitaire profondément légitime.
Rééquilibrer les savoirs pour renforcer l’identité nationale

Face à une histoire scolaire longtemps centrée sur des récits et événements européens au détriment des histoires africaines, les autorités éducatives maliennes ont choisi d’opérer un rééquilibrage. Ce réajustement ne signifie pas un abandon de l’histoire mondiale, mais une volonté claire de recentrer l’enseignement sur des contenus qui parlent directement à la jeunesse malienne.
En donnant une place plus conséquente aux grands empires africains tels que Ghana, Mali et Songhaï ainsi qu’aux figures historiques locales et aux mouvements de résistance africains, cette réforme répond à un besoin fondamental : permettre aux élèves de mieux connaître leurs racines et leur patrimoine.
Le Mali s’engage ainsi dans une démarche pédagogique qui valorise l’histoire africaine, longtemps marginalisée ou traitée de façon superficielle dans les manuels scolaires. Cette approche participe à renforcer le sentiment d’appartenance, élément essentiel dans la construction d’une identité collective forte et cohérente.
Une pédagogie ancrée dans la réalité malienne

Outre l’histoire ancienne, la réforme vise également à développer l’enseignement de l’histoire contemporaine malienne, un pan souvent négligé dans les programmes actuels. Connaître les événements, défis et succès récents du pays est indispensable pour que les jeunes comprennent les dynamiques qui façonnent leur société aujourd’hui.
Cela ouvre la voie à une meilleure conscience civique, une compréhension plus fine des enjeux politiques, sociaux et culturels, et un sentiment accru de responsabilité individuelle et collective. En somme, cette réforme nourrit la construction d’une jeunesse informée, consciente de son passé, et prête à participer activement à l’avenir de sa nation.
Une dynamique panafricaine : l’éducation comme vecteur de souveraineté culturelle

Le choix du Mali s’inscrit dans une tendance plus large observée à travers l’Afrique, où de nombreux pays revendiquent le droit de reprendre la main sur leurs programmes éducatifs. Il s’agit de sortir de l’héritage colonial qui a longtemps imposé des contenus étrangers parfois déconnectés des réalités africaines, pour instaurer un enseignement qui reflète la diversité, la richesse et la complexité des histoires africaines.
Cette démarche éducative est une forme de souveraineté culturelle : maîtriser ce que l’on enseigne à la jeunesse, c’est garantir la transmission d’un héritage authentique et valorisant, et offrir aux jeunes Africains les clés pour se positionner dans un monde globalisé tout en restant fiers de leurs origines.
Une ouverture équilibrée sur le monde

Enfin, il est important de souligner que la réforme malienne ne rejette pas l’histoire mondiale. Elle la place simplement dans un contexte équilibré, où l’histoire africaine occupe la place centrale qu’elle mérite. Cela permet aux élèves de développer une vision du monde à la fois enracinée et ouverte, capable de conjuguer fierté identitaire et curiosité interculturelle.
Rendre l’histoire plus crédible

La réforme des programmes scolaires au Mali, avec sa volonté de réduire la place donnée à certains épisodes de l’histoire étrangère pour mieux valoriser l’histoire africaine et malienne, est un acte légitime et nécessaire. Elle répond à une double exigence : former des citoyens conscients de leur héritage et donner à la jeunesse les moyens de s’épanouir dans un monde en pleine mutation.
Dans ce contexte, cette initiative doit être saluée comme un pas important vers une éducation plus juste, plus pertinente et plus respectueuse des réalités africaines.


