Impact des Conseils régionaux sur la décentralisation au Cameroun

Une avancée vers la décentralisation
Le 30 novembre 2025, le Cameroun a franchi une étape clé dans la décentralisation avec l’élection des conseillers régionaux. Cette initiative s’inscrit dans un cadre plus large de réformes administratives, poussant à un rapprochement entre le pouvoir et les citoyens. Shanda Tonme, Médiateur Universel et président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (Comicodi), souligne que le fonctionnement effectif des Conseils régionaux constitue une avancée significative. Cela permet une meilleure prise en charge des préoccupations locales.
Historiquement, le pays a toujours été dominé par un système centralisé, avec des décisions importantes prises à Yaoundé, souvent déconnectées des réalités locales. La création de ces Conseils, prévue par la loi de décentralisation adoptée en 2020, répond à des demandes anciennes de plus d’autonomie. Ces conseils sont désormais perçus comme une voie pour restituer le pouvoir aux régions et prendre en compte les besoins spécifiques de chaque communauté.
Au-delà de leur fonction administrative, les Conseils régionaux se veulent des espaces de dialogue. En encourageant l’engagement local, ils incitent les citoyens à participer activement à la gestion de leurs affaires. Ce changement de paradigme transforme les populations en acteurs clés de leur propre développement, plutôt qu’en simples récepteurs de décisions imposées.

Le rôle des conseillers régionaux
Les conseillers régionaux, récemment élus, ont pour mission de traduire les souhaits de leurs concitoyens en actions concrètes. Shanda Tonme insiste sur l’importance de l’initiative locale et encourage ces conseillers à adopter une approche proactive, même si leur budget provient de Yaoundé. Cette dynamique est cruciale pour que les projets répondent réellement aux besoins des populations.
Le Conseil régional de l’Extrême Nord est souvent cité en exemple pour son approche inclusive et novatrice. En concentrant ses efforts sur la solidarité et la prise en charge collective, il montre que le progrès ne se mesure pas seulement par des projets extravagants, mais aussi par des actions qui renforcent le tissu social. Cette approche pragmatique pourrait inspirer d’autres régions, illustrant comment une gouvernance locale efficace peut transformer des défis en véritables opportunités.
Les conseillers doivent également naviguer dans un environnement complexe, où les attentes citoyennes sont grandes et les ressources limitées. Cette situation exige des compétences en gestion et une capacité à mobiliser les acteurs locaux, qu’ils soient issus de la société civile, du secteur privé ou de partenaires internationaux. Ainsi, la collaboration devient essentielle pour réussir dans cette nouvelle ère de décentralisation.

Défis et perspectives d’avenir
Malgré les progrès réalisés par les Conseils régionaux, plusieurs défis subsistent. La dépendance financière à l’égard de l’État central est un obstacle majeur. Bien que les budgets soient alloués par Yaoundé, il est impératif que les conseillers trouvent des moyens de diversifier leurs sources de financement, notamment par le biais de partenariats avec le secteur privé ou de projets générateurs de revenus.
Par ailleurs, la formation et le renforcement des capacités des conseillers sont essentiels pour garantir une gouvernance efficace. Des programmes de formation adaptés peuvent soutenir ces élus, les aidant à mieux comprendre leurs rôles et à acquérir les compétences nécessaires pour gérer des projets complexes. L’implication d’experts et d’acteurs de la société civile dans ce processus pourrait également enrichir leurs pratiques.
Enfin, pour devenir de véritables moteurs de développement et d’autonomisation, les Conseils régionaux doivent être perçus comme des entités légitimes et efficaces par la population. Cela nécessite une communication transparente et un engagement constant avec les citoyens. En cultivant un climat de confiance, les Conseils régionaux peuvent réellement influencer le développement du Cameroun.


