Analyse du budget 2026 du Cameroun

Un budget en hausse : enjeux et perspectives
Le projet de budget 2026, présenté par le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, atteint 8 816,4 milliards FCFA. Cela représente une hausse significative de 14 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre relève d’une volonté claire du gouvernement d’impulser l’économie nationale tout en s’attaquant aux défis sociaux croissants. Avec un budget général de 8 683,9 milliards FCFA et une hausse des Comptes d’Affectation Spéciale, la stratégie vise à renforcer les capacités financières de l’État.
Cette augmentation intervient dans un contexte mondial instable, marqué par des fluctuations des prix des matières premières et des conséquences de la pandémie de COVID-19. Les prévisions de recettes internes sont estimées à 5 887 milliards FCFA, reposant sur les impôts, droits de douane, ainsi que sur les recettes pétrolières et gazières. Cette dépendance soulève des questions quant à sa durabilité, surtout à l’ère où la transition énergétique devient pressante.
Le Budget d’Investissement Public (BIP), représentant 35,7 % des dépenses primaires, demeure un axe central de la politique économique. Bien qu’en légère diminution par rapport à 2025, les investissements dans les infrastructures et les projets structurants doivent jouer un rôle crucial pour stimuler la croissance à long terme et améliorer la compétitivité du pays tant au niveau régional qu’international.

Mesures sociales et inclusion : un pas vers l’autonomisation
Le projet de budget inclut un Fonds Spécial de 50 milliards FCFA dédié à l’autonomisation économique des femmes et à l’emploi des jeunes. Cette initiative, bien que modeste, répond à des attentes sociales pressantes et illustre la volonté d’inclure les segments vulnérables dans le processus de développement économique. L’autonomisation des femmes et la création d’emplois pour les jeunes constituent des leviers indispensables pour combattre la pauvreté et promouvoir une croissance inclusive.
Des experts, comme le professeur Jean-Marc Ela, déclarent que « l’inclusion sociale est non seulement une question de justice, mais aussi un impératif économique ». En investissant dans ces groupes, le gouvernement pourrait améliorer leurs conditions de vie et, en même temps, enrichir l’innovation et la productivité de l’économie nationale.
Cependant, le succès de ces mesures dépendra d’une mise en œuvre rigoureuse. La transparence dans la gestion des fonds et l’implication des communautés locales seront essentielles pour s’assurer que ces initiatives répondent aux véritables besoins des bénéficiaires.

Réorganisation et efficacité : vers une meilleure gouvernance
Le budget 2026 prévoit une réorganisation des dotations des institutions de souveraineté et la scission du Fonds de reconstruction des zones en crise. Ces mesures visent à améliorer l’efficacité et la traçabilité des actions gouvernementales. Dans un pays où la corruption et la mauvaise gestion des ressources sont des obstacles fréquents au développement, ces réformes pourraient marquer un tournant.
D’après la chercheuse Amina Tchouaket, « la transparence et la responsabilité sont essentielles pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions ». En renforçant la gouvernance et en optimisant la gestion des fonds publics, le gouvernement pourrait mieux utiliser les ressources et renforcer la légitimité de ses actions.
Le suivi de l’impact de ces réformes sera crucial. La mise en œuvre réelle des mesures annoncées déterminera leur succès et leur capacité à transformer le paysage économique et social du pays.
Réflexions sur l’avenir économique du Cameroun
Le projet de budget 2026, avec ses ambitions d’augmenter les recettes et de favoriser l’inclusion sociale, offre une opportunité de repositionnement sur la scène économique. Cependant, les défis sont nombreux. La dépendance aux ressources naturelles, la nécessité d’une gouvernance plus transparente et l’importance de mesures efficaces pour l’inclusion méritent une attention accrue.
À l’aube de cette nouvelle phase de développement, il est légitime de se demander : comment le gouvernement peut-il s’assurer que ces investissements profitent effectivement à la population ? Quelles initiatives seront mises en place pour diversifier l’économie et atténuer la vulnérabilité face aux chocs externes ?
Ces questions soulignent la nécessité d’un débat public vivant et d’une participation citoyenne active dans le processus décisionnel. L’avenir économique du Cameroun dépendra des choix budgétaires mais également de sa capacité à mobiliser durablement ses ressources humaines et naturelles.


