La crise commence-t-elle dans les urnes ?
Tout a-t-il vraiment commencé aux urnes, dimanche 23 novembre ? Trois jours seulement après une élection présidentielle tendue, un bruit sourd de fusillade près du palais présidentiel a fait basculer la Guinée-Bissau dans une nouvelle crise. Le pays, déjà marqué par quatre coups d’État, replonge dans l’instabilité.
Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, pouvait-il prévoir une telle issue ? Lui qui revendiquait 65 % des voix, sur la base de son propre décompte, alors que les résultats officiels n’étaient attendus que jeudi. Dans le même temps, son rival Fernando Dias da Costa revendiquait lui aussi la victoire.
Et que penser de l’absence forcée de Domingos Simões Pereira, figure majeure interdite de candidature mais dont le PAIGC avait soutenu Fernando Dias ? Le calme du vote cachait-il une tension prête à exploser ?
Tirs, agitation et rupture de la chaîne de commandement

Mercredi 26 novembre, la capitale se réveille brutalement. Des tirs éclatent autour du palais présidentiel. Des militaires occupent l’avenue principale.
Au cœur de ce chaos, Umaro Sissoco Embaló annonce lui-même son arrestation. Pourquoi le chef de l’État a-t-il été interpellé dans son bureau, en même temps que trois hauts responsables sécuritaires : le chef d’état-major Biague Na Ntan, son adjoint Mamadou Touré et le ministre de l’Intérieur Botché Candé ?
Pourquoi ces trois figures du dispositif sécuritaire ont-elles été ciblées ?

Qui tire les ficelles ? Un putsch venu de l’armée de terre ?Selon Embaló, l’opération serait dirigée par le chef d’état-major de l’armée de terre. Mais s’agit-il d’un simple acte de défiance militaire ?
Règlement interne ? Opposition aux résultats électoraux ? Tentative de prévenir l’annonce officielle du scrutin ?
Chaque piste soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Ce coup d’État est-il une réaction à une élection jugée illégitime ? Ou la manifestation d’un malaise plus profond au sein des forces armées ?
Un pays piégé dans un cycle de ruptures politiques

Alors que les putschistes promettent un communiqué, une question domine : le pays pourra-t-il enfin briser son cycle de crises ?
La journée du 26 novembre restera peut-être celle où, une fois encore, les armes ont voulu dominer les urnes.
Mais une incertitude plus grande encore se dessine : la Guinée-Bissau avance-t-elle vers une sortie durable de l’instabilité, ou vient-elle d’entrer dans une nouvelle zone d’ombre ?


