L’Impact de l’Axe Kinshasa-Doha sur la Stabilisation des Grands Lacs

Un Accord-Cadre Prometteur
La signature récente d’un accord-cadre à Doha entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, le 15 novembre 2025, représente un moment charnière pour la paix en République Démocratique du Congo (RDC). Même s’il n’est pas contraignant, cet accord définit un cadre méthodologique et un calendrier pour de futures négociations, illustrant l’engagement du Qatar en tant que médiateur dans ce conflit complexe.
Les négociations menées à Doha ont permis d’initier un dialogue constructif. L’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a joué un rôle crucial, offrant un espace neutre pour la signature des engagements. Ce cadre pourrait aplanir le terrain pour des mesures de confiance nécessaires à l’établissement d’une paix durable.
Kinshasa, de son côté, attend des garanties sur sa souveraineté et la mise en œuvre des mesures convenues. Toutefois, la fragilité du cessez-le-feu, couplée à des enjeux comme le retour des réfugiés et la réinstallation de l’autorité de l’État, souligne la nécessité d’une vigilance et d’un engagement authentique de toutes les parties prenantes.

Les Défis de la Mise en Œuvre
Malgré des avancées encourageantes, la mise en œuvre de l’accord de Doha est entravée par des obstacles majeurs. Les affrontements dans l’est de
la RDC demeurent préoccupants, avec des enjeux comme la réouverture de l’aéroport de Goma illustrant la complexité des négociations. La responsabilité de traduire cet accord en actions concrètes repose non seulement sur les acteurs du conflit, mais aussi sur les garants internationaux chargés de s’assurer que les engagements soient respectés.
Jean-Pierre Lisanga Bonganga, représentant du Rassemblement des Compagnons d’Etienne Tshisekedi pour le Changement et le Progrès Social, met en avant la visite de l’émir qatari à Kinshasa comme un potentiellement tournant sur le plan géostratégique. Il mentionne les retombées positives possibles, notamment la modernisation des infrastructures et un renforcement des relations bilatérales avec des pays comme les Émirats arabes unis.
La mise en œuvre des protocoles concernant la gouvernance inclusive, le retour des déplacés, et la justice transitionnelle est essentielle pour assurer une paix durable. La création d’une commission indépendante pour la vérité et la réconciliation est un progrès, mais son efficacité dépendra de la volonté politique des intervenants concernés.

Perspectives Économiques et Diplomatiques
Au-delà des considérations sécuritaires, l’axe Kinshasa-Doha ouvre des perspectives économiques prometteuses. Daniel Mukoko Samba, ministre congolais de l’Économie, a incité à l’investissement qatari dans le secteur minier, mettant en avant le fait que la RDC est le deuxième producteur mondial de cuivre. Cette dynamique pourrait non seulement fortifier l’économie congolaise, mais aussi stabiliser la région par la création d’emplois et l’amélioration des infrastructures.
Les engagements économiques du Qatar, comme le partenariat de 21 milliards USD signé avec Al Mansour Holding, témoignent d’une volonté de soutenir le développement de la RDC. Toutefois, pour que ces investissements aient un véritable impact sur la stabilisation de la région des Grands Lacs, il est impératif d’améliorer les conditions de sécurité et de restaurer la confiance entre les différentes parties.
En somme, l’axe Kinshasa-Doha représente une opportunité unique pour la RDC et la région des Grands Lacs. Cependant, le succès de cette initiative dépend de la capacité et de la volonté des acteurs à surmonter les défis actuels tout en s’engageant sincèrement dans un processus de paix durable. Les répercussions de cet accord pourraient-elles réinventer le paysage géopolitique de la région ?


