Le verdict du procès très médiatisé de la “Young-Team”, ce cercle rapproché d’anciens collaborateurs du pouvoir déchu, est tombé après des semaines d’audiences intenses. Entre révélations, confrontations et récits des coulisses du palais, la justice gabonaise a livré des sentences aussi lourdes que symboliques. Mais qu’impliquent réellement ces peines ? Combien d’années seront véritablement passées derrière les barreaux ? Voici l’analyse complète des décisions du tribunal.
Un procès-symbole pour une ère de rupture
Ce procès restera comme l’un des plus révélateurs de l’ère post-alternance ouverte depuis le 30 août 2023. Pour l’État, il s’agissait de démonter un système décrit comme opaque, centralisé et dominé par un groupe réduit : la “Young-Team”. Pour les accusés, c’était l’occasion d’exposer leur version des faits, leurs relations internes et les pressions auxquelles ils disent avoir été soumis.
Dans ce jeu de vérités contradictoires, le tribunal a tranché. Et au-delà des peines annoncées, la question centrale demeure : que devront-ils réellement purger ?
Les peines, décortiquées une à un
Ian Ghislain Ngoulou, Saliou Ali et Abdoul Oceni
Condamnés à 15 ans de réclusion criminelle, dont 5 ans avec sursis, ils écopent de la peine la plus lourde. Après déduction des 26 mois de détention préventive déjà effectués, la durée réelle reste de 7 ans et 10 mois.
Cette décision confirme leur rôle jugé central dans le dossier.
Jessy Ella Ekogha
L’ancien coordinateur de la communication présidentielle est condamné à 10 ans de prison, dont 7 ans avec sursis. Sur les 3 années fermes restantes, il a déjà purgé 2 ans et 2 mois.
Il lui reste donc 10 mois de prison ferme à effectuer.
Gisèle MOMBO
Condamnée à 26 mois de prison, elle a déjà effectué exactement 26 mois en détention préventive.
Sa peine est donc totalement purgée.
Cyriaque M’Vourandjami
Comme pour Madame Gisèle, sa condamnation de 26 mois équivaut aux 26 mois passés en préventive.Aucune peine supplémentaire n’est à purger.
Jordan Camuset
Condamné à 3 ans de prison entièrement assortis de sursis, il ne purgera aucune peine ferme.
Kim Un
Condamné à 5 ans de prison, dont 2 avec sursis, il lui restait 3 ans fermes. Avec 2 ans et 2 mois déjà purgés, il devra encore effectuer 10 mois de détention.
Une justice en quête de clarté
Dans ce dossier, le rôle du sursis et de la détention préventive a été déterminant. Sur les sept condamnés, quatre ressortent libres, deux devront encore retourner en prison pour une période relativement courte, et trois purgeront de longues années.
Ce verdict se veut un message d’équilibre : fermeté envers les figures majeures, proportionnalité envers ceux jugés moins impliqués.
Conclusion : un tournant judiciaire majeur
Le procès de la “Young-Team” marque un moment clé dans la volonté de refonder la gestion publique au Gabon. En identifiant les responsabilités individuelles, il s’inscrit dans une dynamique de clarification et de rupture avec certaines pratiques du passé.
La suite dépendra désormais de l’application effective des peines, des éventuels recours, et des réformes structurelles promises par les autorités.
