Une tempête culturelle et juridique secoue les réseaux : la marque européenne Keur Amy Langseth, fondée par Amy Langseth, est accusée d’avoir fait du masque Kota, trésor sacré du Gabon, l’emblème de ses sacs de luxe sans accord, sans compensation, sans respect apparent pour la dimension spirituelle de l’objet. Les appels au retrait immédiat se multiplient et une pétition exige des réparations.
Un symbole ancestral transformé en motif commercial

Les masques Kota ne sont pas de simples décorations : ils incarnent des fonctions rituelles, des liens avec les ancêtres et une mémoire collective. Les reproduire et les transformer en logo commercial soulève une question éthique lourde —
et, selon des voix gabonaises, une infraction morale et culturelle. Sur les réseaux, la colère gronde : vidéos virales, commentaires indigné·e·s et demandes d’intervention des autorités nationales.
Ce que la marque dit et ce que dénoncent les communautés

Sur son site, Keur Amy Langseth vante une célébration de l’héritage africain et un savoir-faire artisanal, évoquant aussi des actions caritatives. Pourtant, aucune convention officielle, aucun contrat public ni preuve d’une licence d’utilisation signée avec une communauté kota ou l’État gabonais n’ont été présentés au public. Pour beaucoup, la rhétorique philanthropique masque une pratique de « valorisation » sans retour.
Pétition et mobilisation : les Gabonais réclament justice

Une pétition en ligne, lancée par des membres de la communauté, demande le retrait immédiat des produits, des excuses publiques, et l’ouverture d’un dialogue avec les héritiers culturels du Kota. Les signataires dénoncent un « néocolonialisme artistique » et exigent que l’État gabonais et les organisations internationales interviennent pour protéger ce patrimoine immatériel.
Quels recours juridiques ?

Sur le plan juridique, plusieurs pistes existent, concrètes ou symboliques :
Propriété culturelle et patrimoine : si des pièces exploitées proviennent d’objets exportés illicitement, des textes internationaux (UNESCO, Unidroit) et le Code du patrimoine peuvent être mobilisés pour réclamer restitution ou sanctions. Droit d’auteur / représentation : si la reproduction reprend une œuvre protégée contemporaine, une action pour contrefaçon est possible.
Pratiques commerciales trompeuses : vendre en laissant croire à une légitimité ou un lien direct avec le Gabon alors qu’il n’en est rien peut ouvrir une action pour tromperie des consommateurs.
Ces options nécessitent des enquêtes précises, preuves de provenance, et surtout la volonté politique et judiciaire de porter l’affaire.
Témoignages et atmosphère : entre douleur et rage
« Nos masques sont des gardiens, pas des logos », résume une voix de la communauté. Sur TikTok et X, vidéos et commentaires traduisent la blessure : des internautes gabonais parlent d’un « sacrilège », d’une « profanation », d’un pillage culturel. Des associations appellent à boycotter la marque tant qu’aucune réparation réelle n’est engagée.
Que peut faire l’État gabonais ?

Les autorités peuvent, et beaucoup estiment qu’elles doivent :
Demander des explications officielles à la marque ;
Saisir les voies diplomatiques et, si nécessaire, engager des procédures sur le fondement du droit du patrimoine ;
Sensibiliser et travailler à des mécanismes de protection du patrimoine immatériel (licences, labels, partenariats équitables).
Le silence officiel observé jusqu’à présent alimente la frustration et la perception d’impunité.
Verdict moral : quand la mode piétine la mémoire
Au-delà du juridique, c’est une question de dignité culturelle : transformer un symbole sacré en produit de luxe, sans consultation ni partage, interroge les rapports de force historiques entre continents. Les défenseurs du patrimoine demandent plus que des excuses : ils exigent des mécanismes contraignants pour empêcher qu’à l’avenir des héritages vivants deviennent des motifs de consommation.
En conclusion : l’affaire Keur Amy Langseth illustre un défi mondial comment protéger et respecter les cultures quand elles deviennent une source de profit international ? Pour l’heure, la marque fait face à une opinion publique en colère, une pétition montante, et des médias qui réclament des comptes. Reste à voir si ces vagues de protestation aboutiront à des actes juridiques et réparateurs, ou si le Kota restera, aux yeux de beaucoup, une victime supplémentaire de la marchandisation du sacré. https://www.union.sonapresse.com/fr/masques-kota-detournes-le-patrimoine-culturel-gabonais-sexporte-sans-autorisation


