Perte de nationalité d’Andry Rajoelina : enjeux politiques

Un décret aux conséquences majeures
Le 24 octobre 2025, un décret signé par le Premier ministre Herintsalama Rajaonarivelo a privé Andry Rajoelina de sa nationalité malgache. Cette décision soulève des interrogations sur les implications politiques qui en découlent. Conformément à l’article 42 du code de nationalité, cet acte empêche Rajoelina de se présenter à la magistrature suprême. Un coup dur pour un homme qui a déjà occupé le poste de président de Madagascar.
Cette initiative se déroule dans un climat politique tendu, où la légitimité des dirigeants est souvent mise en doute. Rajoelina, ayant acquis la nationalité française en 2014, a toujours évoqué des raisons familiales pour justifier ce choix. Cependant, sa double nationalité a souvent été source de controverse, notamment en juin 2023, lorsque sa situation a été révélée au grand public. Les critiques ont alors fusé, remettant en question sa loyauté envers son pays natal et ses capacités de gouvernance.
La déchéance de sa nationalité malgache peut être perçue comme un mouvement politique destiné à écarter un rival potentiellement gênant. Rajoelina a toujours été un acteur influent sur la scène politique et sa présence pèse sur les élections à venir. En le déclarant « étranger » à Madagascar, le gouvernement actuel cherche à affaiblir son influence et à consolider sa propre position.

Réactions et implications pour l’opposition
Les réactions à cette décision ne se sont pas fait attendre. De nombreux partisans de Rajoelina voient dans cette manœuvre une tentative d’élimination d’un adversaire politique. Pour eux, cet acte est symptomatique d’un climat de répression croissant à Madagascar. Les voix critiques s’élèvent, dénonçant une atteinte aux droits civiques et une menace pour la démocratie, alors que le pays se prépare à des élections cruciales.
Les conséquences pour l’opposition sont considérables. La perte de nationalité de Rajoelina pourrait galvaniser ses partisans, qui pourraient l’ériger en martyr de la politique malgache. Parallèlement, sa disparition de la scène politique pourrait créer un vide dans le leadership, car Rajoelina a longtemps été une figure charismatique capable d’unir différents courants politiques. Son absence menace ainsi la capacité de l’opposition à s’organiser contre le pouvoir en place.
Les experts politiques s’interrogent sur la stratégie du gouvernement. En écartant Rajoelina, le régime pourrait sous-estimer la résilience de l’opposition et la capacité de mobilisation des citoyens. Des mouvements sociaux et des manifestations pourraient émerger, alimentés par un sentiment d’injustice croissant face à une politique jugée autoritaire.

Un avenir incertain pour Madagascar
La situation politique à Madagascar est devenue particulièrement incertaine. La perte de nationalité d’Andry Rajoelina soulève de nombreuses questions concernant l’avenir du pays et l’évolution de sa politique dans les mois à venir. À l’approche des élections, la dynamique entre le gouvernement et l’opposition pourrait changer de manière significative.
Les observateurs s’inquiètent également des répercussions économiques de cette instabilité. Madagascar, déjà confronté à des défis économiques majeurs, risque de voir sa situation se dégrader si les tensions politiques s’intensifient. Les investisseurs, souvent réticents face à l’instabilité, pourraient hésiter à s’engager dans un pays où la situation est volatile.
En somme, la perte de nationalité d’Andry Rajoelina va bien au-delà d’une simple question administrative. Elle constitue un tournant dans l’histoire politique de Madagascar, avec des implications profondes pour la démocratie, l’opposition et l’avenir économique du pays. Alors que les acteurs politiques se repositionnent, une question demeure : Madagascar pourra-t-il surmonter cette crise et construire un avenir plus stable et inclusif ?


