Impact de l’interdiction des motos-taxis à Douala

Contexte de l’interdiction
Le 21 octobre 2025 a marqué un tournant à Douala. Sylyac Marie Mvogo, le préfet du Wouri, a décidé d’interdire la circulation des motos-taxis dans plusieurs quartiers de la ville, une décision entrée en vigueur dès le lendemain à 18h. Cette mesure a créé une onde de choc parmi la population. Les motos-taxis, souvent perçus comme le moyen de transport le plus accessible et rapide, sont essentiels dans une ville où les infrastructures de transport public sont largement insuffisantes.
Les citoyens ont largement critiqué cette interdiction, arguant qu’elle ne tient pas compte des réalités socio-économiques de Douala. Avec une forte densité de population et des infrastructures souvent inadéquates, la ville dépend fortement de ces motos pour la mobilité. Les usagers redoutent que cette décision affaiblisse davantage une économie urbaine déjà précaire, compliquant l’accès à l’emploi et aux services essentiels.
Les motos-taxis sont bien plus qu’un simple moyen de transport ; elles constituent une source de revenus cruciale pour de nombreux conducteurs. En choisissant de prohiber leur circulation, les autorités semblent négliger les conséquences économiques et sociales. Le mécontentement s’est fait sentir, avec des citoyens continuant d’utiliser ces motos dans des quartiers comme Deido et Ndokoti, illustrant ainsi leur résistance face à cette décision unilatérale.

Conséquences économiques de l’interdiction
Les répercussions économiques de l’interdiction des motos-taxis à Douala sont à la fois nombreuses et préoccupantes. Premièrement, un nombre significatif de conducteurs dépend de cette activité pour pourvoir à leurs besoins quotidiens. Selon l’Institut National de la Statistique du Cameroun, près de 60 % des conducteurs vivent intégralement de ce métier, soulignant l’importance cruciale de ce secteur dans l’économie locale.
En interdisant les motos-taxis, les autorités risquent d’aggraver le chômage dans une ville où les possibilités d’emploi sont déjà limitées. Cette mesure pourrait également entraîner une augmentation des prix des alternatives de transport, comme les taxis ou les bus, souvent inaccessibles pour les habitants issus de milieux modestes. Les usagers pourraient se retrouver dans une situation encore plus précaire, catalysant ainsi des inégalités sociales déjà présentes.
Les syndicats de motos-taxis, représentant une partie importante de la population active, ont fait part de leurs préoccupations concernant l’impact de cette interdiction sur leurs revenus. Ils dénoncent également l’absence de dialogue entre les autorités et les acteurs du secteur, un manque de consultation qui pourrait exacerber les tensions sociales. Ce climat de méfiance et de frustration parmi les conducteurs et les usagers s’intensifie à mesure que l’interdiction s’installe.

Réactions et perspectives d’avenir
Les réactions des citoyens et des acteurs économiques face à cette interdiction sont diverses. Alors que certains estiment que la régulation du secteur des motos-taxis est impérative pour améliorer la sécurité routière, une majorité exprime sa désapprobation, plaidant pour une régulation plus efficace et un dialogue constructif entre les autorités et les syndicats.
Des experts en urbanisme et en transport soulignent la nécessité d’envisager des alternatives pour répondre aux besoins de mobilité des habitants de Douala. Cela pourrait passer par l’amélioration des infrastructures de transport public, l’instauration de systèmes de régulation pour les motos-taxis, ou la création de zones de circulation sécurisées. Cependant, ces solutions exigent un engagement déterminé des autorités et une volonté de collaborer avec les acteurs locaux.
En somme, l’interdiction des motos-taxis à Douala soulève des interrogations cruciales sur la gestion urbaine et la prise en compte des réalités socio-économiques des citoyens. Face à la croissance continue de la ville, il est impératif que les décideurs politiques adoptent une approche plus inclusive et réfléchie pour garantir un avenir durable et équitable. Quelles seront les réponses des autorités à ces défis ? Quels dispositifs seront mis en place pour apaiser les tensions tout en trouvant un juste équilibre entre sécurité et accessibilité ?


