Quelques heures à peine après la prestation de serment du nouveau président de transition, arrivé au pouvoir à la suite du coup d’État du 17 octobre, Madagascar a replongé dans une atmosphère de forte tension. Ce dimanche 19 octobre 2025, la brigade criminelle a mené une série de perquisitions spectaculaires visant plusieurs proches de l’ancien président Andry Rajoelina, relançant les interrogations sur la nature réelle de cette nouvelle ère politique.
Des figures du TGV et de l’IRMAR dans le viseur

La première personnalité concernée a été Mirana Razafindrakoto, coordinatrice nationale du parti Tanora malaGasy Vonona (TGV), structure emblématique de la mouvance Rajoelina. Emmenée par la brigade criminelle pour un long interrogatoire, elle a été relâchée dans la soirée, non sans que sa résidence ait été scrutée de fond en comble.
Dans la foulée, les domiciles de deux députés du parti IRMAR, Augustin Andriamananoro (1er arrondissement) et Lanto Rakotomanga (4e arrondissement), ont également été perquisitionnés. Selon la police, les agents disposaient d’un mandat légal autorisant ces fouilles.
Un contexte institutionnel trouble

Mais ces opérations, menées à un moment hautement symbolique, soulèvent de vives critiques. En effet, la procédure parlementaire n’aurait pas été respectée. Les députés jouissent d’une immunité qui ne peut être levée qu’avec l’accord du Bureau permanent de l’Assemblée nationale, instance qui, ironie du sort, n’existe plus depuis sa destitution la semaine dernière et n’a pas encore été reconstituée.
Pour Augustin Andriamananoro, il s’agit d’une “manière cavalière de bafouer les institutions”. “Même en période de transition, les règles de droit doivent primer sur les calculs politiques”, a-t-il dénoncé.
Une enquête pour atteinte à la sûreté de l’ÉtatSelon les autorités, ces perquisitions s’inscrivent dans une enquête pour atteinte à la sûreté de l’État. Des soupçons pèseraient sur certains membres de la mouvance Rajoelina, accusés d’avoir fomenté ou soutenu des actes de déstabilisation après le coup d’État. Cependant, plusieurs analystes y voient une opération d’intimidation politique, destinée à neutraliser les anciens alliés du régime déchu et à consolider le pouvoir du nouveau chef de l’État.
Une démocratie malgache sur un fil

Entre nécessité de restaurer l’ordre et tentation de règlements de comptes, Madagascar entre dans une phase délicate et incertaine. Si les nouvelles autorités cherchent à démontrer leur fermeté face aux menaces internes, elles devront aussi prouver leur respect de la légalité et des principes démocratiques, sous peine de voir le climat politique déjà tendu basculer dans la défiance.
Un signal fort mais à double tranchant

Ces perquisitions, intervenues dans la foulée de l’installation du nouveau pouvoir, symbolisent à la fois une volonté d’autorité et un risque de dérive. Elles marquent peut-être le début d’un redressement, mais pourraient tout aussi bien précipiter le pays dans une spirale de méfiance et de polarisation.
La transition malgache s’ouvre donc sous haute tension entre quête de stabilité et ombre d’une revanche politique.


