Un processus d’assainissement… à géométrie variable ?
À moins de trois mois de la présidentielle du 28 décembre, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD) a rendu public, le 15 octobre, la liste des formations politiques autorisées à exercer. Sur les 51 partis certifiés, figurent de nouvelles formations et d’anciennes figures de la vie politique guinéenne. Cette étape s’inscrit dans le vaste chantier de « moralisation » et de « restructuration » engagé par les autorités de transition.
Mais si l’annonce marque une avancée dans la clarification du cadre politique, elle consacre aussi l’exclusion tonitruante de deux piliers historiques de la démocratie guinéenne : l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), formation de l’ex-président Alpha Condé.
Les raisons officielles de la suspension

Selon le MATD, ces deux partis n’auraient pas satisfait aux nouvelles exigences légales. L’UFDG n’aurait pas tenu son congrès national, étape indispensable pour renouveler ses organes dirigeants. Quant au RPG, il lui est reproché de ne pas avoir actualisé ses structures internes, un manquement jugé « incompatible » avec la loi sur les partis politiques révisée.
Ces manquements administratifs sont toutefois perçus par plusieurs observateurs comme le prolongement d’un bras de fer politique. Les partisans de Cellou Dalein Diallo y voient une manœuvre visant à neutraliser l’un des candidats les plus populaires du pays.
Un contexte de recomposition politique

Dans un paysage en pleine mutation, cette vague de certifications et de suspensions rebat les cartes. L’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, encore active, se prépare à désigner son porte-étendard. De nouveaux partis, souvent proches du pouvoir de transition, tentent d’occuper le vide laissé par les grands absents.
Pour de nombreux analystes, cette reconfiguration du champ politique pourrait affaiblir la légitimité du scrutin présidentiel s’il venait à se dérouler sans les deux principales forces d’opposition.
Une transition entre ordre et soupçon

Officiellement, le gouvernement justifie ces mesures par la volonté d’instaurer un cadre politique plus rigoureux et de rompre avec le désordre institutionnel du passé. Mais dans la rue, à Conakry comme à Labé, les critiques fusent. « Ce n’est pas un assainissement, c’est une épuration politique », dénonce un militant de l’UFDG.
L’Union africaine et la CEDEAO, jusque-là silencieuses, pourraient être appelées à jouer les médiateurs si la tension politique s’intensifie.
Vers une présidentielle sous haute tension

À mesure que le calendrier électoral se resserre, l’exclusion de l’UFDG et du RPG place la transition devant un dilemme : assurer un scrutin apaisé mais sans ses principaux acteurs, ou ouvrir la voie à un dialogue inclusif susceptible de restaurer la confiance.
Dans un pays où chaque élection est synonyme de crispation, l’équation politique s’annonce délicate. La Guinée joue, une fois encore, son avenir démocratique entre espoir de renouveau et risque d’exclusion.
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