Héritage de Me Yondo Black

Un parcours marqué par l’engagement
Me Yondo Black, avocat de renom et ancien bâtonnier du barreau du Cameroun, a laissé une empreinte indélébile sur le paysage juridique et politique du pays. Son voyage, entamé dans les années 1960 en France, illustre un engagement sans faille pour les libertés publiques et les droits de l’homme. En tant que militant dans des associations étudiantes telles que l’UNEK et la FEANF, il a activement participé à la lutte pour la justice et l’égalité – des valeurs qu’il a portées tout au long de sa carrière.
Son retour au Cameroun dans les années 1970 a marqué le début d’une période tumultueuse. Il a dû balancer entre son désir de défendre les droits des citoyens et les répressions politiques. Les interrogatoires qu’il a subis illustrent les risques encourus par ceux qui osent contester l’autorité. Pourtant, malgré ces défis, Yondo Black a persisté, devenant bâtonnier de 1982 à 1986 et jouant un rôle clé dans la fondation de la Conférence internationale des barreaux en 1985.
Ce parcours exceptionnel est aussi le reflet de son héritage familial, avec un arrière-grand-oncle pendu pour la cause du Kamerun et un père sympathisant de l’UPC. Ces influences ont forgé son engagement et sa détermination à lutter pour un Cameroun libre et démocratique.

Un avocat au service de la justice
Me Yondo Black a exercé sa profession d’avocat avec une passion et une intégrité remarquables. Sa désignation en tant qu’avocat commis d’office lors du procès de l’État camerounais contre Ahmadou Ahidjo, qu’il a dénoncé comme un simulacre, témoigne de son engagement à défendre la justice, même dans l’adversité. Ce procès, emblématique de l’histoire politique du Cameroun, a révélé les abus de pouvoir et les violations des droits humains, des questions fondamentales pour Yondo Black.
En tant que bâtonnier, il a œuvré pour la défense des droits des avocats et a plaidé pour une meilleure reconnaissance de leur rôle dans la société. Son influence a renforcé la position du barreau face aux défis du paysage juridique camerounais, promouvant des valeurs de transparence et d’éthique. Son discours lors d’une conférence de presse en 2018, où il a appelé Paul Biya à quitter le pouvoir, illustre son engagement pour une alternance politique et une démocratie authentique.
Son héritage en tant qu’avocat se manifeste également dans sa prise de position contre la succession de gré à gré à la tête de l’État, un sujet toujours d’actualité dans le débat politique camerounais. Yondo Black a su faire entendre la voix de ceux qui aspirent à un changement significatif et à une gouvernance responsable.

Un symbole de résistance et d’espoir
Au-delà de son rôle d’avocat, Me Yondo Black est devenu un symbole de résistance pour de nombreux Camerounais. Son engagement politique dans les années 1990, notamment durant les villes mortes, a galvanisé une génération de militants et de citoyens souhaitant revendiquer leurs droits. Il a su rassembler autour de lui des figures emblématiques de la lutte pour la démocratie, comme Ekane Anicet et Djeukam Tchameni, formant ainsi un mouvement qui a marqué l’histoire contemporaine du Cameroun.
Sa lutte pour la liberté de la presse, qui lui a valu une peine de prison, témoigne de sa détermination à défendre les droits fondamentaux et à s’opposer aux répressions. En devenant le premier avocat honoraire au Cameroun en 2024, il a non seulement marqué son époque, mais a aussi ouvert la voie à de futures générations d’avocats et de militants.
La question est de savoir comment cet héritage sera préservé. Les jeunes avocats et militants seront-ils en mesure de poursuivre le combat pour les libertés publiques et la justice sociale, à l’image de Me Yondo Black ? Son influence perdure. Son appel à l’action résonne dans le cœur et l’esprit de ceux qui aspirent à un Cameroun meilleur.


