Dédollarisation de l’économie congolaise : enjeux et perspectives

Contexte et objectifs de la dédollarisation
La dédollarisation de l’économie congolaise représente une initiative stratégique, mise en avant par le gouvernement et la Banque centrale du Congo (BCC), visant à promouvoir l’utilisation du franc congolais (FC) tout en diminuant la dépendance vis-à-vis du dollar américain. Cette démarche se déroule dans un environnement économique complexe. Depuis septembre 2025, le franc congolais s’est apprécié de 6,7 % par rapport au dollar, atteignant un taux de 2 707 FC pour 1 USD.
Le vice-Premier ministre, Daniel Mukoko Samba, a souligné l’importance d’une action concertée pour protéger notre monnaie nationale. Parmi les mesures prises, on note une augmentation des réserves obligatoires des banques, un contrôle rigoureux des dépenses publiques, et une amélioration de la collecte fiscale. Ces efforts visent à maîtriser l’inflation et à stabiliser la monnaie dans un contexte international instable, où les variations des devises peuvent lourdement impacter l’économie locale.
Cette stratégie de dédollarisation va au-delà des simples mesures monétaires. Elle nécessite un changement de mentalité, tant chez les individus que les entreprises, qui doivent peu à peu abandonner l’usage du dollar dans leurs transactions quotidiennes. André Wameso, gouverneur de la BCC, appelle à un rééquilibrage vers le franc congolais, tout en reconnaissant que le dollar demeure parfois essentiel dans certaines transactions.

Mesures mises en œuvre et résultats obtenus
Les initiatives prises par la BCC et le gouvernement congolais commencent à porter leurs fruits. Le Comité de Politique Monétaire (CPM) a récemment décidé de réduire le taux directeur de 25,0 % à 17,5 %, une mesure destinée à favoriser les transactions en monnaie nationale. Ce tournant s’opère dans un climat de stabilité économique, avec un taux d’inflation en recul à 7,8 % et un franc congolais qui s’apprécie de 11,6 % sur le marché officiel.
Le gouvernement a également imposé l’affichage des prix en francs congolais pour renforcer cette dédollarisation. Bien que l’impact sur les prix des biens et services reste encore limité, cette mesure vise à instaurer la confiance envers la monnaie nationale. Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a félicité cette évolution, encourageant la réduction des écarts de taux entre les différentes régions du pays.
Malgré ces avancées, l’économie congolaise demeure fragile. Au cours de cette année, le déficit budgétaire a atteint 3 265 milliards de FC, tandis que les exportations ont enregistré une chute de près de 18 % à fin juillet 2025. Ces éléments soulèvent des doutes quant à la durabilité du processus de dédollarisation et à la capacité du franc congolais à maintenir sa stabilité face aux enjeux économiques internes et externes.

Défis et perspectives d’avenir
La dédollarisation, bien qu’ambitieuse, rencontre des obstacles majeurs. Les experts mettent en garde contre le risque d’une augmentation rapide des sorties de devises pour les importations, un facteur menaçant la soutenabilité des réserves de change. De plus, le FMI exprime des préoccupations concernant la capacité du gouvernement à gérer un déficit budgétaire croissant tout en maintenant une stratégie monétaire stricte.
André Wameso préconise une approche encourageante plutôt qu’imposante pour accompagner la dédollarisation. Il souligne l’importance d’une pédagogie adéquate pour éviter des effets indésirables. Il ne s’agit pas d’éradiquer le dollar, mais de renforcer l’utilisation du franc congolais. Une telle approche pourrait faciliter la transition vers une économie moins tributaire du dollar, tout en préservant la stabilité financière.
À long terme, la réussite de cette stratégie dépendra de l’engagement du gouvernement à mettre en place des réformes structurelles, à diversifier l’économie et à renforcer la confiance des investisseurs et des consommateurs dans le franc congolais. Reste à savoir si la RDC saura surmonter ces défis et établir une véritable souveraineté monétaire, ou si la dépendance au dollar continuera à freiner son développement économique.


