Crise politique à Madagascar : le rôle des militaires

Un tournant décisif dans la crise
La situation politique à Madagascar a pris une tournure dramatique le 11 octobre 2025. Ce jour-là, le colonel Mickael, entouré d’une vingtaine de militaires, a partagé une vidéo percutante sur les réseaux sociaux. Il appelle à la désobéissance face à une crise politique grandissante, dénonçant une armée qu’il qualifie de « soumise ». Son message résonne profondément parmi des militaires frustrés par les méfaits du pouvoir en place.
Le colonel exhorte ses camarades à ignorer les ordres qu’il juge illégaux. Plutôt que de servir des intérêts politiques, il plaide pour protéger la population. Cette déclaration marque un changement radical dans la dynamique militaire, habituellement perçue comme loyale envers le gouvernement. La crise actuelle, amplifiée par des accusations de corruption et de mauvaise gestion, nourrit le mécontentement au sein des forces armées.
Les appels à la désobéissance militaire ne sont pas nouveaux à Madagascar. Cependant, la portée et la visibilité de ce discours, amplifiées par les réseaux sociaux, soulignent l’impact croissant des nouvelles technologies dans la mobilisation des militaires. Ce phénomène pose des questions inquiétantes sur l’avenir de la gouvernance et la capacité des militaires à influer sur le cours des événements.

Réactions officielles et tensions croissantes
Face à cette situation explosive, le ministre des Forces armées, le général Rakotoarivelo, appelle au calme, affirmant que la violence ne résoudra aucun problème. Pourtant, cette déclaration peine à apaiser le moral des troupes, qui se sentent de plus en plus coupées des décisions politiques. Le général Rakotoson, chef d’état-major de l’armée de terre, tente de jouer les médiateurs en se rendant au camp militaire de Capsat, où de nombreux militaires apportent leur soutien au colonel Mickael.
Cependant, cette initiative suscite un scepticisme grandissant. Elle est perçue par certains comme une stratégie pour maintenir le contrôle sur une armée en révolte. Les tensions augmentent, notamment lorsque des véhicules militaires côtoient des manifestants à Antananarivo, ce qui pourrait être interprété comme un soutien implicite aux mouvements de contestation. Ce soutien militaire pourrait altérer de manière dramatique la stabilité du pays.
Le président Andry Rajoelina a pour sa part choisi de fuir vers le nord, un geste qui témoigne de la gravité de la crise. Son départ soulève des interrogations sur la légitimité de son pouvoir et la capacité du gouvernement à restaurer l’ordre. Cette fuite pourrait inciter d’autres membres du gouvernement à emboîter le pas, aggravant ainsi un vide de pouvoir déjà inquiétant.

Implications et perspectives d’avenir
La crise actuelle à Madagascar met en lumière le rôle essentiel des militaires dans les mouvements sociaux. Leur désobéissance pourrait non seulement transformer le paysage politique, mais également redéfinir les relations entre l’armée et le pouvoir civil. Les militaires, habituellement perçus comme garants de l’ordre, se retrouvent à la croisée des chemins, en lutte pour leur légitimité et la justice sociale.
Les conséquences de cette situation sont multiples. Un soutien renforcé des militaires aux mouvements de contestation pourrait déboucher sur un changement de régime, mais risquerait également d’engendrer des violences et des conflits internes. À l’inverse, si le gouvernement parvient à reprendre le contrôle, la position du président pourrait se renforcer, mais au prix d’une légitimité de plus en plus contestée.
Les événements récents soulèvent des questions cruciales sur la démocratie et la gouvernance. Comment les militaires peuvent-ils équilibrer leur devoir de protection de la population avec leur loyauté envers un gouvernement en crise ? C’est la réponse à cette question qui déterminera non seulement l’avenir politique de Madagascar, mais aussi le bien-être de sa population. Dans l’évolution de cette crise, il est vital de suivre de près les développements et les choix des acteurs clés.


