Le tumulte politique s’intensifie à Paris. La troisième motion de destitution visant Emmanuel Macron vient d’être jugée irrecevable par le bureau de l’Assemblée nationale, mettant un nouveau coup d’arrêt aux espoirs de la gauche radicale de faire tomber le chef de l’État. Alors que le gouvernement vacille, les appels à une sortie de crise se multiplient.
Une procédure constitutionnelle bloquée dès le départ

Ce mardi matin, le bureau de l’Assemblée nationale s’est prononcé sur la recevabilité de la motion déposée par La France insoumise (LFI).
Résultat : 10 voix contre, 5 pour et 5 abstentions. La proposition, jugée contraire aux conditions fixées par l’article 68 de la Constitution, n’ira donc pas plus loin.
Seule la gauche en particulier les députés LFI, socialistes et écologistes a voté pour la motion. Le Rassemblement national (RN), quant à lui, a choisi de s’abstenir, provoquant la colère des Insoumis.
« Une fois encore, le RN sauve Emmanuel Macron », a dénoncé Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée.
Cette décision met en évidence la difficulté institutionnelle d’engager la destitution d’un président en France : il faut non seulement un dépôt conforme à la loi organique, mais aussi une double majorité des deux tiers dans chaque chambre avant la réunion du Parlement en Haute Cour; une équation presque impossible dans la configuration politique actuelle.
Une France en pleine tourmente gouvernementale

Ce revers pour LFI survient dans un contexte de crise politique majeure.
Quelques heures seulement après avoir annoncé un remaniement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a présenté sa démission, plongeant encore davantage le pays dans l’incertitude.
Selon plusieurs médias dont AP News et The Guardian, Emmanuel Macron lui aurait demandé de poursuivre des consultations de dernière chance avec les partis d’opposition afin d’éviter l’impasse et, surtout, une dissolution de l’Assemblée nationale, que redoute la majorité.
Mais les divisions sont profondes : les socialistes, les écologistes et les communistes, reçus ce mercredi à Matignon, ont tous exigé une clarification du cap présidentiel, dénonçant une « gouvernance autoritaire et épuisée ».
Alliés fissurés, opposition divisée

Les fissures s’élargissent jusque dans le camp présidentiel.
Des figures centristes comme Édouard Philippe ou François Bayrou appellent ouvertement à « repenser la fin du quinquennat » et à envisager une dissolution ou une transition politique ordonnée.
De son côté, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, assure qu’aucune discussion sur une dissolution n’a été engagée avec le chef de l’État, tentant de calmer la spéculation.Mais dans les couloirs du Palais Bourbon, le mot circule déjà : « le système Macron montre ses limites ».
Une destitution improbable, mais un affaiblissement réel
Sur le plan strictement juridique, la destitution reste possible l’article 68 de la Constitution le prévoit « en cas de manquement grave aux devoirs du président » mais les obstacles politiques et institutionnels la rendent quasiment inatteignable.
Toutefois, la succession d’initiatives symboliques, comme les motions répétées de la gauche, contribue à affaiblir l’autorité du président. Dans un pays fracturé, où le Parlement est suspendu entre blocages et dissolutions potentielles, Emmanuel Macron tente de maintenir un fragile équilibre.
Et maintenant ?
Si la motion de destitution est une impasse, la pression politique continue de monter. Entre démission du Premier ministre, fractures au sein de la majorité et opposition ragaillardie, le président de la République joue désormais la survie politique de son second quinquennat.
La gauche promet déjà de redéposer une nouvelle motion « conforme et mieux argumentée », tandis que la droite reste divisée entre abstention tactique et tentation d’en découdre.
L’avenir immédiat du pouvoir exécutif se jouera donc dans les prochaines 72 heures, entre négociations de Matignon, réponses de l’Élysée, et peut-être, décision de dissolution.
Une France suspendue à un fil, où chaque geste présidentiel est désormais perçu comme un pas vers l’inconnu. https://www.rtl.fr/actu/politique/la-motion-de-destitution-d-emmanuel-macron-jugee-irrecevable-par-le-bureau-de-l-assemblee-7900550321


