Défis du système éducatif camerounais

Retards de salaire et faibles rémunérations
Le système éducatif camerounais fait face à des défis cruciaux, parmi lesquels les retards de salaire et les rémunérations peu attrayantes des enseignants. Souvent perçus comme les fondements de l’éducation, ces derniers se trouvent dans une situation difficile. Un enseignant de Douala, en quête d’anonymat, témoigne : « Nous travaillons dur, mais nos salaires ne traduisent pas nos efforts. Les retards de paiement compliquent notre quotidien. »
Cette réalité a un impact direct sur la motivation des enseignants et, inévitablement, sur la qualité de l’enseignement. Les récits d’enseignants révèlent une frustration croissante, contribuant à un taux d’abandon alarmant. En effet, plus de 3 600 enseignants du secondaire ont quitté leurs postes, cherchant souvent de meilleures opportunités à l’étranger.
Pour pallier cette situation, il est suggéré de réexaminer les politiques salariales et d’améliorer la gestion des ressources financières. Joseph Christian Abouma Biloa, secrétaire général des services du gouverneur, a reconnu la légitimité de ces préoccupations, prônant la solidarité professionnelle comme réponse primordiale face aux enjeux du XXIe siècle.

Classes surchargées et manque de ressources pédagogiques
La surcharge des classes constitue un autre défi majeur dans le système éducatif camerounais. Les enseignants signalent l’absence de conditions adéquates pour dispenser un enseignement de qualité. Dans certaines écoles, le nombre d’élèves par classe dépasse largement les normes recommandées, perturbant l’apprentissage. Un enseignant de Yaoundé partage : « Avec plus de 50 élèves dans une classe, il est presque impossible d’accorder une attention individuelle. Cela altère la qualité de l’enseignement et le succès des élèves. »
Parallèlement, le manque de ressources pédagogiques complique le travail quotidien des enseignants. La professeure Nalova Lyonga a affirmé que « sans équipements adéquats, il est difficile de susciter l’intérêt des élèves et de rendre les leçons interactives. »
Des solutions sont envisageables pour remédier à ces problèmes, telles que l’augmentation des budgets alloués à l’éducation et la mise en place de programmes de formation continue pour les enseignants. La décentralisation des ressources éducatives est également essentielle pour améliorer la distribution des matériels, notamment dans les zones rurales.

Conditions difficiles dans les zones rurales et inégalités d’accès
Dans les zones rurales, les enseignants sont confrontés à des défis spécifiques qui aggravent la crise éducative. Les conditions de travail restent précaires, avec des infrastructures insuffisantes et un accès limité aux ressources. Lazare Kolyang, journaliste camerounais, met en lumière que « les jeunes des régions septentrionales, comme Kaélé ou Tokombéré, souffrent de la centralisation des concours nationaux, organisés uniquement à Yaoundé. » Cette situation crée des inégalités d’accès à l’éducation pour les candidats issus de milieux défavorisés.
Kolyang appelle à une réelle décentralisation, notamment en délocalisant les concours et en créant de nouvelles unités administratives. Cela faciliterait l’implantation de structures de formation dans le Nord, rendant l’éducation plus accessible à tous.
En somme, le système éducatif camerounais se trouve à un tournant décisif. Les défis sont multiples, mais des solutions existent. La volonté politique, la solidarité professionnelle et l’engagement des acteurs éducatifs sont essentiels pour transformer le paysage éducatif, garantissant ainsi un avenir meilleur aux générations futures.


