Un poison invisible qui divise
L’offense est à la fraternité ce que le tétanos est au corps humain : un poison silencieux et insidieux qui paralyse les relations, bloque la communion et finit par détruire l’unité. Comme le tétanos provoque des spasmes douloureux et conduit à la mort, l’offense non pardonnée engourdit le cœur, étouffe la confiance et fissure le lien communautaire.
Cette unité, pourtant, ne relève pas d’un simple idéal moral : elle est une volonté divine. Le Christ lui-même en a fait le cœur de sa prière avant sa passion :
« Afin que tous soient un » (Jean 17 :21).
L’offense, un verrou spirituel
Lorsqu’elle n’est pas traitée, l’offense devient un obstacle spirituel majeur. Elle ferme les cœurs, bloque les élans de solidarité et rend même nos offrandes inacceptables aux yeux de Dieu. Jésus en avertit clairement dans l’Évangile :
« Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande […] va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Matthieu 5 :23-24).
La réconciliation, loin d’être une option morale, est une urgence spirituelle. Tant que le pardon n’a pas été accordé ou reçu, nos prières et nos œuvres perdent leur saveur et leur force.
Le pardon : une exigence, pas une alternative
Jésus n’a pas laissé le pardon au rang des conseils spirituels : il en a fait une condition de vie. Dans la prière du Notre Père, il lie étroitement le pardon de Dieu à celui que nous accordons :
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Matthieu 6 :12).
Refuser de pardonner, c’est fermer la porte à la grâce divine. C’est bloquer l’action de Dieu dans nos vies et renier notre identité de disciples du Christ.
Une leçon qui dépasse l’Église
Cette vérité spirituelle trouve aussi un écho dans la vie sociale et politique. Le pardon et la réconciliation ne concernent pas que les fidèles : ils fondent toute société stable.
L’ancien président du Gabon, à travers ses gestes d’apaisement et ses appels au dialogue, a incarné cette philosophie du pardon. Malgré les tensions, il a privilégié la réconciliation nationale, conscient que la paix ne naît pas du rapport de force, mais du dépassement de soi.
Ses mots résonnent encore comme un avertissement et un appel à la sagesse :> « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire. Il nous observe. Il dit : “Amusez-vous”. Mais le jour où Il voudra aussi nous sanctionner, Il le fera… »
Construire la paix par le pardon
La paix ne se décrète pas : elle se bâtit, pierre après pierre, par la réconciliation et la reconnaissance mutuelle. Jésus l’a résumé en une promesse sublime :> « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5 :9).
Chaque acte de pardon est un pas vers cette paix véritable. Il libère celui qui pardonne autant que celui qui est pardonné, et restaure les liens brisés.
L’Église, témoin et gardienne du pardon
Face à un monde souvent marqué par les rancunes et les divisions, l’Église a une mission cruciale : enseigner et incarner le pardon.Elle doit former les croyants à cette discipline du cœur, leur rappeler que pardonner, ce n’est pas faiblir, mais ressembler au Christ.
Pardonner, c’est entrer dans la dynamique du salut
Jésus a promis une demeure éternelle à ceux qui auront cultivé l’unité et l’amour :> « Je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi » (Jean 14 :3).
Mais cette demeure céleste est fermée à ceux qui refusent le pardon, car on ne peut entrer dans la communion divine avec un cœur divisé.
Un appel à la réconciliation
Que l’Église reste infatigable dans son enseignement, inébranlable dans son témoignage, et radicale dans sa pratique du pardon.
Car c’est par le pardon que la fraternité retrouve sa souplesse, sa vitalité et sa beauté.
C’est par le pardon que nos communautés demeurent unies, non seulement ici-bas, mais pour l’éternité.


