Quatre mois après leur départ discret de Libreville pour Luanda, puis leur installation à Londres, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo-Valentin continuent de défier la justice gabonaise. Accusés de corruption, de blanchiment et de détournement de fonds publics, ils avaient promis de répondre aux convocations des juges. Mais à l’approche de la session criminelle spéciale à Libreville, leur absence est désormais certaine.
Une absence annoncée, une défense taillée à l’anglaise

Selon des sources judiciaires, le duo mère-fils ne se présentera pas au tribunal. Ils seront représentés par un prestigieux cabinet d’avocats britanniques. Un scénario prévisible : depuis leur libération provisoire, leurs déclarations relayées par la presse étrangère ont systématiquement nié les accusations, dénoncé leurs conditions de détention, et affiché un silence méprisant vis-à-vis du parquet gabonais.
Londres, un silence troublant
Plus que l’absence des prévenus, c’est l’attitude des autorités britanniques qui intrigue. Aucune suite n’a été donnée à la demande d’entraide judiciaire transmise par Libreville. Pire, des rumeurs persistantes évoquent l’obtention prochaine par Noureddin de documents officiels britanniques, ce qui rendrait toute extradition pratiquement impossible. Un « bouclier juridique » offert par un pays qui se proclame pourtant champion de la lutte mondiale contre la corruption.
Bienveillance ou protection d’intérêts ?

À Libreville, ce mutisme est perçu comme une marque de bienveillance suspecte. Certains y voient l’ombre des liens historiques entre Ali Bongo Ondimba et certains cercles d’influence londoniens. D’autres rappellent que des avoirs de la famille Bongo pourraient être placés dans des structures financières liées au Royaume-Uni. Alors, complaisance politique, protection d’intérêts économiques, ou simple rigidité procédurale du droit anglo-saxon ?
Une coopération judiciaire en péril
Si cette position se confirmait, elle risquerait d’empoisonner les relations bilatérales. Car au moment où le Gabon s’efforce de restaurer l’État de droit et sa crédibilité internationale, le refus implicite de Londres d’accompagner ce processus fragilise l’image de coopération sincère entre les deux pays.
Libreville déterminé à aller jusqu’au bout
Pour l’heure, le message venu du parquet est clair : avec ou sans Sylvia et Noureddin, le procès aura lieu. L’opinion nationale, encore meurtrie par des décennies de gestion opaque, attend un signal fort. Le Gabon entend aller au bout du processus judiciaire, quitte à braquer un partenaire historique.


