Libreville, 30 septembre 2025 – Le Gabon a vécu, ce samedi 27 septembre, un rendez-vous électoral d’importance historique. Les élections législatives et locales, premières du genre depuis la transition politique amorcée il y a deux ans, ont offert au peuple gabonais l’occasion de tourner une page lourde d’héritages. Pour une large majorité des circonscriptions, le scrutin s’est déroulé dans une atmosphère de transparence et d’apaisement, marquant un éloignement salutaire des pratiques opaques qui, des décennies durant, avaient nourri la défiance populaire sous l’ancien système dominé par le Parti démocratique gabonais (PDG).
Un vent de renouveau démocratique

Les urnes ont parlé avec une clarté réjouissante dans nombre de provinces. Observateurs nationaux et internationaux ont salué l’organisation, la fluidité des opérations de vote et le professionnalisme des équipes électorales. Ce scrutin, le premier depuis l’élection présidentielle du 12 avril dernier, semblait confirmer la volonté des électeurs d’inscrire le pays dans une dynamique de rupture et de modernisation politique. Pour la majorité des candidats, la victoire arrachée par les suffrages reflète véritablement la confiance des citoyens et ouvre la voie à une nouvelle génération d’élus, porteurs d’espoirs de probité et de gouvernance participative.
De vieilles ombres dans un décor neuf

Mais derrière cette avancée encourageante, des taches d’ombre viennent troubler le tableau. Dans certaines localités, des irrégularités majeures ont été relevées. Les villes de Ndendé et Ntoum se distinguent par des contestations significatives, où des pratiques de fraude et de manipulation ont été signalées, rendant le scrutin localement contesté. Dans ces cas précis, il est nécessaire que le vote soit repris afin de garantir l’équité, restaurer la confiance des électeurs et assurer que les élus désignés possèdent une légitimité incontestable.
Plus préoccupant encore, ces dérapages n’ont pas seulement été observés dans les rangs d’anciens partis habitués aux pratiques contestées. Des manquements auraient également été relevés au sein du jeune parti du Président de la République, pourtant élu en avril dernier avec une légitimité reconnue et saluée pour sa transparence. Fait plus troublant encore, les mêmes pratiques ont également été relevées du côté de ceux qui hier encore manifestaient pour le changement du côté de la diaspora,dénonçaient avec vigueur les manipulations électorales et les dérives de l’ancien régime. Cette réapparition de « vieilles et vilaines habitudes » interpelle et rappelle que les réflexes de fraude, tels des relents d’un passé que l’on croyait révolu, peuvent resurgir si la vigilance n’est pas constante.
La nécessité d’un sursaut institutionnel

Un élu mal désigné est un élu fragilisé. Qu’il siège à l’Assemblée nationale, au Sénat ou dans une mairie, sa légitimité contestée hypothèque sa capacité à gouverner sereinement et à représenter loyalement ses concitoyens. Il appartient donc aux autorités compétentes; commission électorale, justice et gouvernement de recadrer sans délai ces dérives et, le cas échéant, d’ordonner la reprise du scrutin dans les localités affectées comme Ndendé et Ntoum. Des enquêtes rigoureuses et des sanctions exemplaires s’imposent pour préserver la crédibilité des institutions naissantes.
Un pays à la croisée des chemins
Ces législatives et locales resteront comme un test grandeur nature de la maturité politique gabonaise. Elles auront prouvé qu’un peuple peut, par la force de son vote, se libérer d’un ordre ancien. Mais elles rappellent aussi qu’aucune démocratie n’est à l’abri de ses vieux démons si la responsabilité collective flanche.
Au lendemain de ce scrutin, le Gabon se tient donc à la croisée des chemins : consolider les acquis d’une transition historique ou laisser les pratiques d’hier miner les espoirs de demain. Le choix appartient désormais à ses dirigeants… et à la vigilance de ses citoyens. https://gabonactu.com/blog/2025/09/28/elections-procuration-ou-lagent-pathogene-dune-fraude-massive/ https://blogs.mediapart.fr/amdb/blog/290925/gabon-des-elections-catastrophiques-et-une-democratie-en-sursis


