Défis de l’intégration des jeunes dans le marché formel en Côte d’Ivoire
Dominance du secteur informel
En Côte d’Ivoire, près de 80 % des emplois se trouvent dans le secteur informel. Cela représente un défi majeur pour les jeunes en quête d’intégration dans le marché formel. Dans cette réalité, ils sont souvent exposés à une vulnérabilité accrue, privés de protection sociale et de droits du travail. Bien que ces emplois informels soient plus accessibles, ils n’offrent ni sécurité ni conditions de travail décentes.
Ce phénomène résulte d’une économie en transition. Les entreprises formelles font face à de nombreux obstacles : bureaucratie, manque d’accès au financement et infrastructures insuffisantes. En conséquence, les jeunes se retrouvent piégés dans un cycle de précarité, sans accès à des emplois stables et bien rémunérés.
Pour illustrer cette situation, une étude de l’Institut National de la Statistique en 2022 montre que les jeunes travailleurs dans le secteur informel gagnent en moyenne 30 % de moins que ceux du secteur formel. Cette disparité souligne l’urgence d’une réforme pour favoriser la formalisation des emplois et créer des opportunités plus équitables.

Disparités liées au genre et au statut migratoire
Les défis pour intégrer le marché formel varient selon le genre, le statut migratoire et d’autres facteurs socio-économiques. Les jeunes femmes, en particulier, font face à des obstacles supplémentaires. Les stéréotypes de genre et les responsabilités familiales entravent leur accès à l’éducation et à l’emploi. Une enquête de l’Organisation Internationale du Travail révèle que les femmes en Côte d’Ivoire sont 50 % plus susceptibles d’être employées dans le secteur informel que les hommes.
Les jeunes migrants, souvent à la recherche de meilleures opportunités, rencontrent également des discriminations qui compliquent leur intégration. Leurs expériences montrent des difficultés à faire reconnaître leurs qualifications, ce qui les limite dans l’accès aux postes du secteur formel. Ces disparités appellent à une approche inclusive, prenant en compte les différentes réalités vécues.
Des initiatives comme le programme AYPReS cherchent à donner une voix aux groupes marginalisés. Cependant, beaucoup reste à faire pour assurer un accès équitable aux opportunités d’emploi pour tous, quel que soit leur genre ou leur statut migratoire.

Manque de perspectives et développement des compétences
Un autre enjeu majeur pour les jeunes est le manque de perspectives d’emploi. Malgré les efforts du gouvernement pour relancer l’économie, beaucoup de jeunes ressentent un profond désespoir quant à leur capacité d’intégration dans le marché formel. Les conditions de vie, l’accès à l’éducation, et la difficulté à obtenir des formations pertinents aggravent cette situation.
Les projets de développement des compétences, comme ceux présentés par M. Gauze Anselme de l’Agence Emploi Jeunes, sont un pas dans la bonne direction, mais sont-ils suffisants ? Les jeunes ont besoin de formations qui correspondent aux exigences du marché du travail, ainsi que d’un accompagnement dans un environnement économique en constante évolution.
Le décret de 2023 concernant le financement des projets portés par les jeunes est une avancée, bien que son succès dépende de la sensibilisation et de l’engagement des jeunes. Les zones industrielles créées par le gouvernement, dotées d’une fiscalité allégée, doivent également être accessibles et connues des jeunes entrepreneurs pour en bénéficier pleinement.
Réflexions finales
Les défis d’intégration des jeunes dans le marché formel en Côte d’Ivoire sont à la fois complexes et interconnectés. La domination du secteur informel, les disparités de genre et de statut migratoire, ainsi que le manque de perspectives d’emploi et de développement des compétences exigent une approche holistique et inclusive. Bien que les initiatives existantes soient encourageantes, elles doivent être renforcées et étendues pour mieux répondre aux besoins des jeunes.
Alors que la Côte d’Ivoire poursuit son développement, il est essentiel de se demander : comment garantir à tous les jeunes, quelles que soient leurs situations, un accès à des opportunités d’emploi équitables et durables ? Quelles actions doivent être mises en place pour transformer ces défis en opportunités ? Ces questions méritent une attention particulière pour construire un avenir où chaque jeune peut s’épanouir dans le marché formel.


