Transformation locale des matières premières : un enjeu vital pour le Gabon

Un tournant stratégique pour l’économie gabonaise
La transformation locale des matières premières est devenue cruciale pour l’économie gabonaise. L’accord-cadre, signé le 12 septembre 2025 entre le ministère des Mines et Asia Minerals Limited LLC, en est une preuve manifeste. Cet accord ambitionne de produire 400 000 tonnes d’alliages de manganèse d’ici 2029, marquant un tournant vers une diversification économique nécessaire. Historiquement, le Gabon a reposé son développement sur les exportations de minerais bruts. Aujourd’hui, il aspire à valoriser ses richesses naturelles, tout en créant des emplois et en apportant de la valeur ajoutée.
Cette initiative s’intègre dans une dynamique plus large visant à réduire la dépendance aux matières premières non transformées. La création de la Commission interministérielle pour le suivi des projets de transformation locale des minerais témoigne de cet engagement. Selon le ministre des Mines, le secteur minier est désormais central pour l’économie nationale. Cet enjeu illustre une conscience accrue des défis de la souveraineté économique et de la durabilité des ressources pour les générations futures.
Les retombées économiques attendues sont considérables. En stimulant la création d’emplois locaux et en attirant les investissements étrangers, le Gabon espère voir son PIB en hausse, tout en diminuant son déficit commercial. Cette stratégie pourrait également renforcer la place du pays sur le marché international, le projetant comme un acteur clé dans la chaîne de valeur mondiale, loin d’un rôle marginal de simple fournisseur de matières premières.

Le secteur forêt-bois : un potentiel inexploité
Le secteur forêt-bois représente une autre facette où la transformation locale pourrait faire une différence. Actuellement, il ne contribue qu’à 3,2 % du PIB gabonais, mais le gouvernement ambitionne d’atteindre 10 % d’ici 2032. Pour y parvenir, il est crucial de lever les obstacles fiscaux et d’encourager les concessions certifiées. Le Forum Économique Forestier 2025 a souligné cette nécessité, exhortant à une valorisation durable des ressources forestières.
Depuis l’interdiction d’exportation des grumes mise en place en 2010, les résultats sont encourageants. Des entreprises comme AGES Home, dirigée par Kabangoye Izzi Ghassan, transforment le bois gabonais sur place, générant ainsi des emplois et réduisant la dépendance aux importations de produits transformés. Cette dynamique s’inscrit dans une vision de développement durable, où les ressources naturelles profitent avant tout aux populations locales.
L’inclusion de mécanismes de contribution carbone pourrait générer des revenus supplémentaires, estimés à plus de 20 milliards FCFA annuels, pour financer des investissements verts. Cela permettra de soutenir la transformation locale du bois et de développer des secteurs stratégiques comme la bioéconomie et l’écotourisme, favorisant l’innovation tout en créant des emplois.

Vers une autosuffisance alimentaire et une souveraineté économique
La transformation locale des matières premières englobe également l’agriculture. Des initiatives comme celle de la Société gabonaise de développement agricole (SOGADA) cherchent à renforcer la souveraineté alimentaire du pays. En produisant localement des aliments tels que le maïs et le soja, SOGADA vise à réduire la dépendance aux importations lourdes de coûts pour les exploitations agricoles.
Hervé Patrick Opiangah, directeur de SOGADA, précise que cette transformation est clé pour stabiliser les prix et améliorer le pouvoir d’achat des ménages. En préfigurant 1 000 emplois directs et 600 indirects grâce à ses projets, SOGADA prouve que l’agriculture peut être un levier essentiel pour le développement économique du Gabon. De surcroît, l’interdiction prévue de l’importation de poulet de chair en janvier 2027 dévoile l’engagement gouvernemental en faveur de l’autosuffisance alimentaire.
Ces actions s’inscrivent dans une politique publique plus large, favorisant la production locale et la valorisation des ressources nationales. En mettant l’accent sur la transformation locale, le Gabon peut non seulement améliorer sa balance commerciale, mais aussi établir un environnement économique plus résilient et durable.
La transformation locale des matières premières se présente comme un enjeu stratégique majeur pour le Gabon. En diversifiant son économie et en valorisant ses ressources, le pays peut espérer un avenir prospère. Pourtant, les prochains défis à relever sont nombreux. Quelles seront les étapes concrètes pour garantir que ces initiatives profitent réellement à la population gabonaise ? Les perspectives sont prometteuses, mais l’action immédiate est nécessaire.


