Défis sécuritaires de la mobilité à Soa

Un contexte de violence et de criminalité
Le démantèlement d’un gang de voleurs de motos à Soa, le 22 septembre 2025, expose une insécurité grandissante au Cameroun. Ce gang agissait sans scrupule, agressant et tuant pour subtiliser des motos. Ces faits illustrent une violence croissante dans un secteur clé de la mobilité urbaine. Les moto-taximen, indispensables pour le transport local, sont devenus des cibles privilégiées des criminels, attirés par la forte demande de transport.
Ce phénomène n’est pas isolé. Les chiffres montrent une hausse des incidents criminels liés aux motos, exacerbés par des conditions sociales difficiles, comme le chômage et la pauvreté. Les jeunes, souvent désespérés, se tournent vers la délinquance en quête de survie. Ce climat de violence s’intègre dans une problématique plus vaste de délinquance juvénile et de désespoir économique.
Le commissaire divisionnaire Emanuel Mbiti Alinda a mis en avant l’importance de la technologie dans la lutte contre ces crimes. Le système de géolocalisation (GPS) a effectivement aidé à retrouver des motos volées. Mais clairement, cette approche technologique ne suffira pas à elle seule à résoudre les problèmes structurels à l’origine de la violence.

Les enjeux de la régulation des moto-taximen
Indispensables à la mobilité, les moto-taximen posent toutefois d’importants défis réglementaires. Leur influence politique et leur capacité à mobiliser des masses en font des acteurs incontournables du paysage sociétal camerounais. Pourtant, cette influence s’accompagne souvent de tensions avec les forces de l’ordre, qui peinent à imposer leur autorité dans un secteur perçu comme anarchique.
Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, reconnait la nécessité d’une coopération renforcée entre la police et les moto-taximen. Cependant, des mesures plus strictes contre les importateurs et les vendeurs de motos pourraient engendrer des résistances. Les syndicats de moto-taximen, souvent puissants, pourraient considérer ces mesures comme une intrusion dans leur liberté d’exercer.
Par ailleurs, la formation et la sensibilisation des conducteurs s’avèrent cruciales. L’absence de formation adéquate peut engendrer des comportements imprudents sur la route, exacerbant les risques d’accidents et de confrontations avec les forces de l’ordre. Il est donc impératif que la régulation aille de pair avec des initiatives éducatives visant à promouvoir une conduite responsable.

Vers une politique de tolérance zéro ?
Face à ces défis, l’opportunité d’adopter une politique de « tolérance zéro » soulève des questions. Bien qu’elle puisse dissuader à court terme, cette approche risque également d’engendrer un climat de méfiance entre moto-taximen et forces de l’ordre, compliquant la coopération.
Des spécialistes de la sécurité recommandent une stratégie équilibrée, alliant répression et prévention. Des programmes de réhabilitation pour les jeunes en détresse pourraient freiner l’essor des gangs. De surcroît, des initiatives communautaires renforçant les liens entre police et moto-taximen peuvent instaurer un climat de confiance, essentiel à une collaboration efficace.
En somme, le démantèlement du gang de voleurs de motos à Soa doit servir d’alerte sur les défis sécuritaires entourant la mobilité au Cameroun. La réponse à cette crise nécessite une réflexion profonde sur les politiques de sécurité, la régulation du milieu du transport et l’engagement communautaire. Comment l’État et la société civile peuvent-ils coopérer pour créer un environnement plus sûr pour tous ?


