Défis et réformes pour la police gabonaise

Une méfiance généralisée envers la police
La police gabonaise fait face à une crise de confiance sans précédent, comme le révèle le rapport d’Afrobarometer publié en août 2025. Seulement 25 % des Gabonais expriment une confiance partielle ou totale envers les forces de l’ordre. Ce constat soulève des inquiétudes majeures concernant la sécurité des citoyens. La perception de la police comme corrompue est omniprésente, avec 99 % des Gabonais affirmant que certains agents sont impliqués dans des affaires de corruption.
Cette méfiance s’accentue avec les expériences vécues par les citoyens. En effet, 61 % des Gabonais jugent « difficile » ou « très difficile » d’obtenir de l’aide de la police, souvent à cause d’un accueil froid et de demandes d’indemnités non officielles. Un résident de Belle-Vue a partagé ses difficultés à porter plainte, illustrant ainsi un parcours administratif particulièrement décourageant. Ces éléments contribuent à l’indifférence perçue et à la lenteur des agents, alimentant encore plus le scepticisme des citoyens.
Les résultats de l’enquête indiquent également que 51 % des personnes interrogées ont eu recours à la corruption pour obtenir de l’aide policière. Ce constat souligne un malaise qui ronge les forces de sécurité. La police, censée être le symbole de la protection et de la justice, est perçue comme un acteur d’injustice, ce qui ternit son image et sa légitimité.

Les réformes nécessaires pour restaurer la confiance
Face à cette situation inquiétante, le gouvernement gabonais envisage d’indispensables réformes pour restaurer la confiance du public envers la police. Parmi les propositions, la création d’un guichet unique, tant physique que numérique, pour les dépôts de plainte est essentielle. Cela pourrait simplifier les démarches administratives et rendre le processus plus accessible. De plus, la numérisation des procédures via une application mobile faciliterait les interactions entre la police et les citoyens.
Un autre axe crucial est le renforcement des capacités opérationnelles de la police. Le gouvernement a promis le recrutement de 1 000 agents supplémentaires ainsi que la création d’unités spécialisées. Cependant, ces mesures doivent être accompagnées d’une formation adéquate des agents d’accueil pour améliorer la qualité du service. Une police bien formée et professionnelle est indispensable pour regagner la confiance des citoyens.
Par ailleurs, il est impératif d’instaurer des pratiques plus transparentes et accessibles au sein des forces de sécurité. Cela pourrait inclure des mécanismes de contrôle et de reddition de comptes pour les agents de police, afin de garantir le respect des droits des citoyens. La mise en place d’une tolérance zéro envers les comportements inappropriés serait également un message fort à destination de la population.

Vers une sécurité inclusive et accessible
Pour aller au-delà des réformes structurelles, il est essentiel de concevoir la sécurité comme un droit pour tous les Gabonais, et non comme un privilège. Des politiques urbaines inclusives, intégrant des initiatives telles que l’amélioration de l’éclairage public et des infrastructures de base, peuvent contribuer à réduire le sentiment d’insécurité, notamment dans les zones vulnérables.
Des exemples d’autres capitales africaines montrent que la combinaison de patrouilles ciblées et d’une urbanisation réfléchie peut avoir un impact significatif sur la criminalité. En renforçant la présence policière dans les zones sensibles et en investissant dans des projets d’aménagement urbain, le Gabon pourrait offrir un environnement plus sûr à ses citoyens.
Enfin, engager un dialogue ouvert entre les citoyens et les forces de l’ordre est crucial. Organiser des forums communautaires permettrait aux Gabonais d’exprimer leurs préoccupations et de participer à l’élaboration des politiques de sécurité. Une telle approche favoriserait une meilleure compréhension mutuelle et aiderait à restaurer la confiance entre la police et la population.
Les défis auxquels la police gabonaise fait face sont multiples et complexes, mais des réformes judicieuses et une approche inclusive peuvent permettre de restaurer la confiance du public. Quelles mesures supplémentaires pourraient être envisagées pour garantir que la sécurité soit véritablement accessible à tous les Gabonais ? La réponse à cette question sera déterminante pour l’avenir des relations entre les citoyens et leurs institutions de sécurité.


