Le Sous-Développement du Grand Nord Cameroun
Une Réalité Alarmante
Le Grand Nord du Cameroun — englobant les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua — est souvent considéré comme le parent pauvre du pays. Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale, Cavayé Yéguié, le 2 septembre 2025, Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre influent, a exprimé son inquiétude face à la situation précaire de cette région. Les enfants y étudient dans des conditions désastreuses, manquant cruellement d’infrastructures modernes, tandis que d’autres régions profitent de ressources considérables.
Cette inégalité est accentuée par un budget d’investissement public, largement en faveur des régions du Sud, qui laissent les trois régions septentrionales avec moins de 10 billions de francs CFA alloués sur 120 milliards destinés aux salaires des agents de l’État. Tchiroma dénonce également la marginalisation des jeunes diplômés, souvent confrontés à des pratiques discriminatoires lors des recrutements publics, renforçant ainsi un cercle vicieux de pauvreté.
Les élites du Septentrion, selon Tchiroma, portent également une part de responsabilité dans cette situation désastreuse. Leur inaction et leur égoïsme sont critiqués; il appelle à une prise de conscience collective pour sortir de cette crise. Les conflits dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que le pillage des ressources naturelles à l’Est, compliquent encore une situation déjà fragile.
Les Enjeux Sociaux et Économiques
Le sous-développement du Grand Nord ne se limite pas à des simples chiffres budgétaires. Il impacte directement la quotidien des habitants. L’accès à l’éducation, à la santé et à l’eau potable reste très limité. Les jeunes, souvent désillusionnés par l’absence d’opportunités, sont contraints de quitter leur région, voire d’ émigrer à l’étranger en quête d’une vie meilleure.
Les témoignages des habitants font état d’une frustration grandissante face à l’inaction des autorités. Un jeune diplômé de Maroua a ainsi déclaré : « Nous avons étudié dur, mais nous sommes confrontés à un mur. Les emplois sont pour ceux qui ont des connexions, pas pour ceux qui ont des compétences. » Cette perception d’injustice ravive un sentiment d’abandon et de révolte parmi les jeunes.
Les initiatives locales, bien qu’appréciables, peinent à combler le vide laissé par le manque de soutien gouvernemental. Des ONG et des organisations communautaires s’efforcent de répondre aux carences en matière d’éducation et de santé. Cependant, leurs efforts sont souvent freinés par des ressources limitées et un manque de coordination avec les autorités locales.
Appel à l’Action
Issa Tchiroma interpelle sur la nécessité d’une mobilisation collective pour améliorer la situation. Il insiste sur la réévaluation des priorités gouvernementales, en soulignant l’importance du développement du Grand Nord. Ce mouvement doit inclure non seulement des investissements financiers, mais aussi une volonté politique claire pour garantir une représentation équitable des intérêts de la région au sein des instances décisionnelles.
Les élites du Septentrion doivent également jouer un rôle actif dans ce processus de transformation. Tchiroma les exhorte à dépasser leurs intérêts personnels et à s’engager pour le bien commun. « Si nous ne nous levons pas pour défendre notre région, qui le fera ? » questionne-t-il. Cette interrogation résonne comme un appel à l’unité et à la solidarité parmi les habitants du Grand Nord.
En somme, le sous-développement du Grand Nord du Cameroun représente un défi complexe. Il exige une approche multidimensionnelle et des actions rapides de la part des autorités. L’avenir de cette région et de ses habitants en dépend. Les préoccupations soulevées par Tchiroma ne se limitent pas à des enjeux locaux; elles touchent à la stabilité et à la cohésion nationale. Comment le Cameroun peut-il espérer se développer pleinement si une partie de son territoire est laissée pour compte ?
