Une occasion manquée pour l’Afrique à l’ONU

Le contexte de la présidence de Philémon Yang
Philémon Yang, ancien Premier ministre du Cameroun, a été élu président de la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies le 6 juin 2024. Son mandat, qui s’est achevé le 1er septembre 2025, a coïncidé avec des tensions géopolitiques croissantes, comme la guerre en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient ainsi qu’en République Démocratique du Congo. Dans ce cadre, le rôle de Yang a suscité de nombreuses interrogations quant à son impact sur l’Afrique.
En tant que président, Yang avait l’opportunité d’utiliser cette plateforme pour promouvoir les intérêts des pays en développement. Pourtant, sa tendance à la discrétion a limité les initiatives susceptibles de renforcer la voix de l’Afrique à l’international. Ce constat soulève des interrogations sur l’aptitude des dirigeants africains à saisir les occasions qui se présentent dans un monde en mutation rapide.
Malgré un renforcement de ses pouvoirs, lui permettant de soumettre des résolutions au vote sans débats préalables, Yang n’a pas su capitaliser sur cette latitude. Son manque d’initiatives laisse transparaître une occasion manquée, particulièrement dans un contexte où l’Afrique appelle à une meilleure représentation au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les enjeux de la représentation africaine
La représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU est une question épineuse depuis des décennies. Actuellement, le continent ne bénéficie d’aucun siège permanent, ce qui limite son influence sur des décisions cruciales qui touchent à sa sécurité et à son développement. Bien que plusieurs pays africains réclament deux sièges permanents, ces demandes n’ont pas encore trouvé d’écho concret.
Dans ce contexte, le rôle de Yang aurait pu faire la différence. En tant que président de l’Assemblée générale, il aurait pu plaider pour la revendication de places permanentes, mobiliser d’autres nations et créer un consensus autour de cette question. Cependant, son attitude discrète et son manque d’initiatives ont conduit à une stagnation. Des experts, à l’instar de Georges Dougueli, avertissent que cette inaction pourrait avoir des répercussions durables sur la capacité de l’Afrique à influencer les décisions internationales.
Les conséquences de cette inertie ne se limitent pas à la représentation au Conseil de sécurité. Elles touchent également des domaines cruciaux comme le développement économique, la lutte contre le changement climatique et la gestion des crises humanitaires. En n’agissant pas sur ces enjeux, Yang a laissé passer une chance de faire entendre la voix de l’Afrique dans des discussions essentielles pour son avenir.

Les leçons à tirer pour l’avenir
Le mandat de Philémon Yang à l’ONU soulève des questions fondamentales sur la manière dont les dirigeants africains doivent utiliser au mieux les plateformes internationales pour défendre les intérêts du continent. Les leçons à tirer sont multiples. D’abord, il est essentiel d’adopter une approche proactive et audacieuse dans les engagements internationaux. La discrétion, bien que parfois bénéfique, peut également mener à des occasions manquées.
Ensuite, il est crucial de renforcer la coopération entre les pays africains afin de créer un front uni sur les questions de représentation et d’influence. Les initiatives collectives, telles que celles de l’Union africaine, doivent être soutenues pour garantir que les voix africaines soient entendues sur la scène mondiale. Cela nécessitera une mobilisation des ressources et une volonté politique forte pour surmonter les divisions internes.
Enfin, le rôle de la société civile et des médias est primordial pour sensibiliser et exercer une pression sur les dirigeants afin qu’ils agissent. Les journalistes, comme Georges Dougueli, doivent éclairer les enjeux et tenir les dirigeants responsables de leurs actions. En fin de compte, l’avenir de l’Afrique sur la scène internationale dépendra de la capacité de ses dirigeants à saisir les opportunités et à défendre avec vigueur les intérêts du continent.
Alors que le mandat de Philémon Yang s’achève, il est légitime de se demander : l’Afrique saura-t-elle tirer les leçons de cette expérience pour renforcer sa voix sur la scène mondiale ? Quels seront les prochains pas pour garantir que les intérêts africains soient enfin pris en compte dans les décisions internationales ?


