Droits humains en Tanzanie : l’affaire Mdude et disparitions forcées

Contexte des droits humains en Tanzanie
La Tanzanie, pays d’Afrique de l’Est, fait face à des défis majeurs en matière de droits humains. Un climat politique tendu exacerbe les répressions visant les voix dissidentes. Depuis l’accession à la présidence de Samia Suluhu Hassan en mars 2021, des espoirs de réformes ont émergé, mais la réalité demeure préoccupante. Les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch révèlent une détérioration marquée des droits civils et politiques, spécialement à l’approche des élections générales prévues en octobre 2025.
Les disparitions forcées et l’enlèvement d’opposants politiques deviennent des préoccupations pressantes. Un exemple frappant est le cas de Mpaluka Nyangali, surnommé Mdude, enlevé chez lui à Mbeya en mai 2025, devant sa famille. Sa femme, Siji Mbugi, redoute que ce dernier soit détenu par la police, une appréhension qui s’intensifie suite au rejet de sa plainte par la Haute Cour de Mbeya.
Ce climat de peur est accentué par des témoignages de victimes d’enlèvements. Edgar Mwakabela, alias Sativa, a survécu à une tentative d’assassinat en juin 2024, révélant que ses ravisseurs, présumés être des agents de l’État, tentaient d’identifier ceux qui le soutenaient dans sa lutte contre le parti au pouvoir, Chama Cha Mapinduzi. Ces incidents soulèvent des questions cruciales concernant la responsabilité de l’État et la protection des droits humains en Tanzanie.

L’affaire Mdude : un symbole de la répression
L’affaire Mdude illustre éloquemment les violations des droits humains en Tanzanie. Son enlèvement suscite une indignation croissante parmi les défenseurs des droits, qui perçoivent en lui un symbole de la répression systématique des voix critiques. Bien que la police affirme enquêter sur l’implication de ses agents, aucune arrestation n’a eu lieu, laissant les familles des disparus dans un profond désespoir.
Maduhu William, un militant des droits humains, souligne l’absence d’enquêtes, mentionnant le cas d’Ali Kibao, un fonctionnaire tué après un enlèvement. Ces disparitions, souvent entourées de mystère et d’impunité, alimentent un climat de peur. Les témoignages de familles en détresse, comme celui de l’artiste Shedrack Chaula, révèlent un désespoir face à l’absence de justice.
Les autorités, tout en niant cibler des critiques, affirment mener des enquêtes. Cependant, les résultats sont souvent inexistants, et les familles vivent dans l’incertitude. La peur de représailles empêche de nombreuses personnes de partager leurs histoires, comme l’a souligné Boniface Mwabukusi, président de la Tanganyika Law Society. Cette situation met en lumière l’absence de systèmes judiciaires indépendants capables de protéger les droits des citoyens.

Réactions internationales et perspectives d’avenir
La communauté internationale exprime son inquiétude face à la situation des droits humains en Tanzanie. Des organisations telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch incitent le gouvernement à mettre fin aux disparitions forcées et à garantir la sécurité des défenseurs des droits. Les experts de l’ONU signalent plus de 200 disparitions forcées depuis 2019, soulignant la gravité de la crise.
Les appels à des enquêtes indépendantes et à des réformes judiciaires se multiplient, tandis que la réponse du gouvernement demeure timide. Même la présidente Samia a demandé des enquêtes sur les abus, mais les résultats sont souvent absents. Cela soulève des questions sur la volonté véritable du gouvernement à protéger les droits humains et à garantir la justice.
À l’approche des élections générales, la situation risque encore de se détériorer. Les défenseurs des droits craignent une intensification de la répression des voix dissidentes, rendant la lutte pour la justice plus difficile. Les affaires de Mdude et d’autres disparus rappellent l’urgence d’une action collective pour défendre les droits fondamentaux en Tanzanie.
Alors que la communauté internationale continue de suivre cette situation, il est impératif de se poser des questions : quelles actions concrètes peuvent être entreprises pour protéger les droits humains en Tanzanie ? Comment les citoyens peuvent-ils surmonter la peur et revendiquer leurs droits face à un gouvernement répressif ? Ces interrogations méritent une réflexion approfondie et un engagement collectif pour un avenir meilleur.


