Confiance des Gabonais envers la police : un défi majeur

Un climat de méfiance généralisée
La confiance des Gabonais envers leur police est alarmante. Une enquête récente d’Afrobarometer révèle que seulement 25 % des citoyens expriment une certaine confiance envers les forces de l’ordre, dont un pitoyable 8 % affichent une confiance inconditionnelle. Cette méfiance s’intensifie face à des situations où les agents, loin de rassurer, n’interviennent pas lors d’agressions, augmentant ainsi la sensation d’insécurité.
Un autre résultat frappant de l’enquête indique que 99 % des Gabonais estiment que « certains » policiers sont corrompus. Cette perception est alimentée par le quotidien des citoyens, notamment lors des contrôles routiers. Sur ce point, 35 % des répondants admettent avoir versé un pot-de-vin pour éviter des ennuis, illustrant une crise de confiance profonde envers les institutions censées garantir la justice.
À Port-Gentil, des témoignages dénoncent des contrôles routiers jugés inefficaces et abusifs. Les automobilistes s’indignent que ces mesures ciblent principalement les conducteurs honnêtes, laissant échapper les véritables fauteurs de troubles. Cette réalité ternit l’image de la police et souligne l’urgence d’une réforme sectorielle.

Les défis de la réforme du secteur de la sécurité
Face à cette crise de confiance, le gouvernement gabonais a promis des réformes pour renforcer les capacités opérationnelles de la police. Toutefois, ces mesures semblent insuffisantes pour convaincre un public dubitatif. Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, suggère une restructuration, mais peu de Gabonais estiment que la police agit avec professionnalisme ou respecte les droits individuels.
Les défis à relever sont multiples. D’abord, la lutte contre la corruption endémique au sein de la police est essentielle. Les Gabonais perçoivent cette institution comme la plus corrompue, avant même les parlementaires et les agents fiscaux. Restaurer la confiance nécessite une politique de tolérance zéro face aux comportements inappropriés, ainsi qu’une mise en place de mécanismes de contrôle interne efficaces.
Ensuite, la formation des agents doit être repensée. Les policiers doivent être formés non seulement sur des techniques d’intervention, mais aussi sur la gestion des relations avec les citoyens. Une évolution des mentalités est impérative pour que les forces de l’ordre soient perçues comme des partenaires dans la sécurité publique, au lieu de simples agents de répression. Une meilleure communication et sensibilisation auprès des populations est également indispensable pour rétablir un climat de confiance.

Vers une refondation des rapports entre citoyens et institutions
La situation au Gabon appelle à une refonte des relations entre citoyens et institutions de la sécurité. Les réformes doivent dépasser de simples changements structurels. Une volonté politique authentique de lutter contre la corruption et d’améliorer la transparence est indispensable. Les citoyens doivent participer activement au processus, par le biais de consultations publiques et de mécanismes de feedback, afin que leurs préoccupations soient réellement prises en compte.
Il est aussi crucial d’établir des partenariats avec des organisations de la société civile et des acteurs internationaux afin de renforcer la légitimité des réformes. Des exemples de pays ayant réussi à réformer leurs forces de sécurité, tels que le Rwanda ou le Ghana, montrent que les approches inclusives et participatives peuvent aboutir à des résultats positifs.
En somme, la confiance des Gabonais envers la police est à un point critique. Les défis liés à la réforme du secteur de la sécurité sont nombreux, mais la route vers une police respectée est impérative. Comment les autorités répondront-elles à cette crise de confiance ? Quelles mesures concrètes seront mises en œuvre pour restaurer la légitimité des forces de l’ordre ? Ces questions méritent d’être examinées, car elles touchent au cœur de la démocratie et de la sécurité des citoyens.


