Gestion des terres à l’ouest du Cameroun : une critique acerbe

Une administration défaillante et corrompue
La gestion des terres à l’ouest du Cameroun soulève des inquiétudes croissantes. Benjamin Zebaze a exposé ces dérives dans son article du 1er septembre 2025. Des « fossoyeurs de la République » semblent contrôler l’administration, la transformant en un outil au service d’intérêts personnels et tribaux. Ce phénomène a donné lieu à une corruption systémique, minant transparence et équité dans la distribution des terres.
Les préfets et sous-préfets, souvent originaires de la communauté Fang-Beti, sont accusés de favoriser leurs proches en accordant des terres d’État. Ce favoritisme conteste les croyances selon lesquelles les Bamilékés, ethnie majoritaire dans la région, ne vendent pas de terrains aux étrangers. Pour Zebaze, ces terres doivent être administrées dans l’intérêt de tous, et non accaparées par une élite influente.
Un exemple frappant de ce dysfonctionnement est la transformation de la plantation « nkaah lagaaah » à Dschang, autrefois fertile, en un quartier populaire. Cette situation illustre le détournement de terres vitales, aggravant les crises d’urbanisation et de logement. La mauvaise gestion foncière ne se limite pas aux problèmes administratifs, elle impacte directement les vies des citoyens, nombreux à être dépossédés de leurs droits.

Violence et conflits fonciers : un drame humain
La crise foncière à l’ouest du Cameroun est marquée par des violences intolérables. Le cas tragique de la famille Benyomo Ebengué, victime d’agressions liées à des conflits fonciers, en est un exemple flagrant. Ces événements révèlent les conséquences dévastatrices de la cupidité et de l’impunité des puissants.
Shanda Tonme, Médiateur Universel et Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), a dénoncé ces crimes auprès du Premier ministre. Malgré plusieurs recours judiciaires, la famille demeure sans protection, mettant en lumière l’inefficacité du système face à la violence foncière. Ces situations deviennent trop fréquentes, les agriculteurs étant souvent laissés à la merci des puissants.
Les violences liées aux conflits fonciers exacerbent les inégalités sociales. Les paysans, dépendants de leurs terres pour vivre, se retrouvent dépossédés, tandis que les riches continuent d’accumuler richesses et territoires. Ce cycle de pauvreté et de violence menace la stabilité sociale de la région.

Implications socio-économiques et appel à l’intelligence collective
Les implications socio-économiques de la gestion des terres à l’ouest du Cameroun sont vastes et complexes. La corruption et les conflits fonciers entraînent non seulement des pertes économiques, mais aussi un exode rural vers des régions perçues comme plus accessibles. Ce phénomène altère la structure sociale et économique des communautés, favorisant la valorisation des terres dans d’autres zones.
Benjamin Zebaze appelle à une prise de conscience collective et à une valorisation des bonnes pratiques au sein de chaque ethnie, plutôt que de laisser place à des intérêts tribaux. Il est crucial de mettre en place une gestion équitable des terres, respectant les droits de chaque citoyen, quel que soit son origine ethnique. Cela nécessite une réforme profonde du système foncier et une lutte active contre la corruption.
En somme, la gestion des terres à l’ouest du Cameroun est un enjeu vital qui doit être immédiatement adressé. Les responsables politiques, leaders communautaires et membres de la société civile doivent unir leurs forces pour instaurer un cadre juridique et administratif qui protège les droits des agriculteurs et assure une distribution équitable des ressources. Comment, en tant que société, pourrions-nous nous engager à résoudre ces problèmes et bâtir un avenir plus juste pour tous ?


