Taxation aérienne au Gabon : Un frein à la connectivité

Une fiscalité écrasante pour le secteur aérien
Le Gabon se distingue comme le pays d’Afrique avec les charges aériennes les plus lourdes. En 2024, ces charges s’élèvent à 297,7 dollars par billet international, selon un rapport de l’AFRAA. Cette situation soulève des inquiétudes majeures dans le secteur aérien, où les taxes peuvent représenter jusqu’à 50 % du prix total d’un billet. Cela dépasse largement la moyenne continentale de 68 dollars, et celle de l’Afrique du Nord, qui n’est que de 25 dollars.
Cette fiscalité punitive freine la connectivité aérienne et le développement du tourisme. Les voyageurs sont découragés par des tarifs prohibitifs, tandis que les compagnies aériennes luttent pour rentabiliser leurs opérations dans un contexte de demande faible. Les experts de l’AFRAA appellent à une révision urgente des politiques fiscales pour rendre l’accès au ciel africain plus aisé.
Les concessions aéroportuaires privées aggravent encore la situation. En visant la rentabilité immédiate, ces entités imposent des frais supplémentaires, augmentant le coût des billets. Le Gabon doit impérativement repenser sa stratégie fiscale pour favoriser sa croissance aérienne et touristique.

Les conséquences sur le marché aérien
Les effets de cette politique fiscale sur le marché aérien gabonais sont préoccupants. Les compagnies aériennes locales parlent de « taxation confiscatoire », avec plus de 45 % du prix d’un billet domestique ou régional constitué de redevances aéroportuaires et de taxes de sûreté. Cette situation complique leur rentabilité dans un contexte de faiblesse de la demande.
Le ministre d’État des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a reconnu que le coût élevé des billets est une priorité pour l’État. Toutefois, malgré les promesses d’actions, aucune mesure concrète n’a été annoncée jusqu’à présent. Cette inaction risque de maintenir le Gabon parmi les pays à taxation aérienne la plus élevée en Afrique, aggravant ainsi les difficultés des compagnies.
Des révisions des barèmes fiscaux et des réductions de redevances sont urgentes. Mais sans une volonté politique forte, le Gabon risque de rester à la traîne du développement aérien régional et international.

Vers une réforme nécessaire
Dans ce contexte très préoccupant, il est crucial que le Gabon envisage une réforme de sa fiscalité aérienne. Baisser ces taxes pourrait stimuler la demande et attirer davantage de compagnies aériennes, favorisant ainsi la concurrence et l’amélioration des services. Cette démarche positive pourrait également profiter au secteur touristique, dont l’image souffre actuellement de tarifs élevés.
Des exemples de pays africains ayant réussi à équilibrer rentabilité et accessibilité, comme le Rwanda, montrent que des politiques fiscales avantageuses peuvent dynamiser le secteur aérien et attirer des investissements étrangers.
Il est donc essentiel que le Gabon prenne conscience des enjeux que pose sa politique de taxation aérienne. Une réflexion approfondie, suivie d’actions rapides, est indispensable pour ne pas compromettre son potentiel de croissance. Les acteurs du secteur, tant publics que privés, doivent collaborer pour trouver des solutions viables qui bénéficieront à l’ensemble de l’économie gabonaise.
Alors que le Gabon est à un tournant crucial, la question reste de savoir quelles mesures concrètes seront prises pour alléger ce fardeau fiscal et relancer l’aviation. La réponse à cette interrogation pourrait bien façonner l’avenir de la connectivité aérienne et du tourisme dans le pays.


