Impact de l’immigration sur l’économie et la cohésion sociale au Gabon

Une main-d’œuvre étrangère au cœur de l’économie gabonaise
Le Gabon se distingue par sa particularité démographique : 18,7 % de sa population est composée d’étrangers, en faisant le pays d’Afrique avec la plus forte proportion d’immigrés. Cette situation découle de la stabilité politique et des opportunités économiques offertes, notamment dans les secteurs pétrolier, minier et forestier. Ces domaines attirent de nombreux ressortissants d’Afrique de l’Ouest et centrale, à la recherche d’une vie meilleure.
La main-d’œuvre immigrée joue un rôle essentiel, particulièrement dans le secteur informel. Ce dernier, qui compte près de 200 000 opérateurs économiques, contribue à environ 35 % du PIB national. Cependant, moins de 20 % de ces activités sont détenues par des Gabonais. Cette réalité souligne une dépendance marquée du tissu économique vis-à-vis des étrangers et interroge la durabilité de ce modèle, ainsi que la valorisation du capital humain local.
Les experts s’accordent à reconnaître que cette dynamique pourrait engendrer des répercussions à long terme sur la cohésion sociale. Alors que les immigrés occupent des postes stratégiques, le taux de chômage élevé parmi les jeunes Gabonais nourrit le ressentiment et les tensions. Les autorités doivent donc établir un équilibre délicat entre l’ouverture économique et la protection des intérêts locaux.

Les récentes mesures gouvernementales et leurs implications
Face à cette situation, le gouvernement gabonais, dirigé par le président Oligui Nguema, a décidé d’interdire certaines petites activités économiques aux étrangers. Cette mesure, actée lors du Conseil des ministres du 12 août 2025, vise à redonner aux Gabonais le contrôle de leur économie. Les activités concernées, telles que le petit commerce, la coiffure et la réparation de téléphones, sont souvent dominées par des opérateurs étrangers.
Cette initiative est perçue comme un moyen de rééquilibrer le commerce informel et d’apaiser les tensions sociales résultant d’un sentiment de marginalisation économique. En structurant et en professionnalisant ces secteurs, le gouvernement vise à ouvrir de réelles opportunités économiques pour les Gabonais, en particulier les jeunes et les femmes. Cependant, la réussite de cette réforme dépendra de l’encadrement et de la formation des opérateurs locaux.
Les réactions à cette décision sont variées. Certains experts saluent cette initiative comme une étape nécessaire pour renforcer l’économie locale, tandis que d’autres mettent en garde contre les risques d’exclusion des immigrés, qui sont essentiels au bon fonctionnement de l’économie. Une question cruciale se pose alors : comment garantir une transition juste pour tous les acteurs économiques ?

Vers une redéfinition de la cohésion sociale
La forte présence d’immigrés au Gabon soulève des enjeux complexes en matière de cohésion sociale. Bien que l’immigration stimule l’économie, elle peut aussi exacerber les tensions entre les différentes communautés. Les Gabonais, en particulier les jeunes, ressentent souvent une concurrence accrue sur le marché de l’emploi, alimentant ainsi un sentiment d’injustice et de frustration.
Pour bâtir une société plus inclusive, il est crucial de favoriser le dialogue entre les parties prenantes. Les autorités doivent mettre en place des politiques qui promeuvent l’intégration des immigrés tout en soutenant les Gabonais dans leur quête d’opportunités. Cela pourrait prendre la forme de programmes de formation, d’incitations à l’entrepreneuriat local et d’initiatives de sensibilisation à la diversité culturelle.
En somme, l’immigration au Gabon est un phénomène aux multiples facettes nécessitant une approche nuancée. Alors que le pays s’efforce de renforcer son tissu économique, il doit également préserver la cohésion sociale. La question demeure : comment Gabon peut-il tirer parti de sa diversité pour garantir un avenir prospère à tous ses citoyens ?
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