Limitation des mandats présidentiels en Côte d’Ivoire

Contexte historique et constitutionnel
Depuis son indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire a connu des périodes de stabilité mêlées à des crises politiques. Aujourd’hui, la question de la limitation des mandats présidentiels émerge comme une thématique centrale du débat politique, surtout après la révision constitutionnelle de 2016. Cette modification, favorable au président Alassane Ouattara, est perçue par ses détracteurs comme un manque de respect pour les normes démocratiques.
Bien que l’article 55 de la Constitution ivoirienne stipule qu’« aucun individu ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels », la révision de 2016 véhicule des ambiguïtés. Les partisans de Ouattara réclament que cette révision annule les mandats précédents, tandis que l’opposition, incarnée par des figures telles que Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, insiste sur le respect strict de cette limitation pour assurer une alternance démocratique.
À l’approche des élections présidentielles de 2025, cette question prend une importance particulière. La légitimité d’une éventuelle candidature d’Ouattara pourrait déclencher des tensions. Les récentes manifestations du Front Commun PPA-CI/PDCI-RDA révèlent une mobilisation croissante face à ce qu’ils jugent une dérive autoritaire.

Les réactions de l’opposition et des acteurs politiques
Lors d’un rassemblement à Yopougon, Laurent Gbagbo a exprimé son rejet catégorique de la candidature d’Ouattara à un quatrième mandat, la qualifiant d’« illégale ». Il a promis que son camp se mobiliserait contre toute tentative de soutien du RHDP, le parti au pouvoir. Cette position est largement partagée au sein de l’opposition, qui critique un verrouillage du paysage politique, et réclame la préservation de l’alternance démocratique.
Les partis comme le PPA-CI et le PDCI-RDA ont porté leurs revendications jusqu’à Amnesty International, dénonçant les violations des droits fondamentaux en Côte d’Ivoire. Ils insistent sur la nécessité de restaurer les leaders écartés de la liste électorale et d’initier des réformes pour une Commission électorale indépendante. Ces actions visent à garantir des élections transparentes et inclusives, essentielles pour la stabilité politique du pays.
Les propos de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, renforcent cette dynamique. Il appelle à une interprétation stricte de la limitation des mandats, préconisant son application sans faille pour éviter toute dérive autoritaire. Ce discours illustre l’urgence d’un dialogue politique constructif, permettant d’apaiser les tensions et d’assurer un processus électoral juste.

Implications pour la stabilité politique et sociale
Les enjeux de la limitation des mandats présidentiels en Côte d’Ivoire vont bien au-delà de simples débats juridiques. Ils portent des conséquences profondes sur la stabilité politique et sociale du pays. La perspective d’un quatrième mandat pour Ouattara pourrait intensifier les tensions entre le pouvoir en place et l’opposition, ouvrant la voie à des manifestations et à des violences potentielles.
Des mobilisations récentes, telles que celle du 9 août 2025, témoignent d’une population de plus en plus inquiète de l’orientation politique du pays. Les appels pour des élections inclusives et une réforme de la Commission électorale indépendante illustrent une société civile en quête de responsabilité et de respect pour les normes démocratiques. Ignorer ces préoccupations pourrait conduire la Côte d’Ivoire vers une crise politique majeure, semblable à celles qu’elle a vécues par le passé.
La question de la limitation des mandats présidentiels, au cœur du débat politique en Côte d’Ivoire, soulève des enjeux déterminants pour l’avenir démocratique du pays. Les acteurs politiques doivent agir prudemment, car les décisions prises aujourd’hui auront un impact durable sur la stabilité et la paix sociale.
Alors que le pays se rapproche des élections de 2025, une question persiste : comment les acteurs politiques parviendront-ils à harmoniser les exigences constitutionnelles avec les aspirations démocratiques de la population ? La réponse à cette question pourrait bien redéfinir l’avenir politique de la Côte d’Ivoire.


