Modernisation des infrastructures d’eau et d’énergie au Gabon

Un besoin urgent de financement
Le Gabon traverse une crise infrastructurelle aiguë dans les secteurs de l’eau et de l’énergie. D’après Philippe Tonangoye, ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie, le pays a besoin d’environ 2 000 milliards de francs CFA d’investissements sur sept ans pour rénover ses infrastructures désuètes. Cette situation découle d’une négligence en matière d’investissements et de maintenance durant près de 30 ans, entraînant une détérioration inquiétante des équipements.
Actuellement, la capacité énergétique installée s’élève à seulement 700 MW, insuffisante pour satisfaire la demande croissante. Avec 52 communes et plus de 3 000 villages mal équipés, l’accès à l’eau et à l’énergie reste un défi colossal. Tonangoye souligne qu’un investissement annuel de plusieurs centaines de milliards est essentiel pour revitaliser ces infrastructures. Ce besoin de financement est d’autant plus pressant que la gestion par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) est jugée « médiocre », compliquant ainsi la situation déjà délicate.
Les effets de cette crise sont nombreux : la pénurie d’eau potable, les coupures fréquentes d’électricité et une qualité de service en déclin. Ces problèmes nuisent non seulement à la vie quotidienne des Gabonais, mais entravent également le développement économique du pays. Les entreprises locales, qui dépendent d’un approvisionnement énergétique fiable, en souffrent particulièrement, freinant ainsi l’essor de l’économie nationale.

Stratégies gouvernementales pour la modernisation
Confronté à cette situation critique, le gouvernement gabonais a mis sur pied un plan ambitieux pour moderniser ses infrastructures. Le projet phare est le barrage hydroélectrique de Kinguélé Aval, qui nécessite un investissement de 118 milliards de francs CFA et qui devrait fournir 13 % des besoins électriques du Grand Libreville dès 2026. Ce chantier, visité par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, témoigne de la volonté des autorités de diversifier les sources d’énergie et de réduire leur dépendance aux fossiles.
Le financement de ce barrage repose sur un mécanisme non souverain, avec des partenaires comme Meridiam, la Société financière internationale (SFI), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Emerging Africa Infrastructure Fund. Environ 28 % des fonds proviennent de capitaux propres, tandis que 72 % sont issus de financements extérieurs. Cette approche mixte permettra de mobiliser des ressources significatives tout en minimisant le risque pour l’État gabonais.
De plus, le projet crée des retombées économiques notables en impliquant 50 entreprises locales et en générant plus de 480 emplois, dont 350 pour des Gabonais. Cela permet non seulement de créer des emplois mais aussi de dynamiser l’économie locale, renforçant ainsi l’adhésion des communautés au projet. Le gouvernement comprend donc l’importance d’intégrer les acteurs locaux dans la modernisation des infrastructures.

Vers une amélioration durable des services
Pour garantir un accès universel à l’eau et à l’énergie, le gouvernement gabonais doit dépasser la simple modernisation des infrastructures. Il est vital de mettre en place un cadre de gestion à la fois efficace et durable. Philippe Tonangoye a exprimé sa volonté d’instaurer des services durables, nécessitant une révision des pratiques de gestion et une allocation plus judicieuse des ressources.
Les défis sont nombreux. Il est essentiel de former le personnel en charge des infrastructures et de mettre en œuvre des mécanismes de contrôle et de suivi rigoureux. En outre, le gouvernement devrait explorer des partenariats public-privé pour attirer davantage d’investissements et d’expertises. Sensibiliser la population sur l’importance de la conservation de l’eau et de l’énergie pourrait aussi s’avérer bénéfique.
Enfin, la transparence et la bonne gouvernance seront des éléments cruciaux pour restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques. En adoptant ces stratégies, le Gabon pourrait non seulement moderniser ses infrastructures, mais aussi garantir un accès équitable à l’eau et à l’énergie pour tous, favorisant ainsi un développement durable et inclusif.
Les défis que rencontre le Gabon concernant l’accès à l’eau et à l’énergie soulevèrent des questions essentielles : comment le gouvernement peut-il assurer un financement durable pour ces projets ? Quelles mesures sont nécessaires pour garantir une gestion efficace ? Et comment renforcer l’implication citoyenne dans le processus de modernisation ? Ces interrogations méritent une réflexion approfondie et un débat public engagé.


