Un patrimoine d’une grande richesse et valeur
Plonger dans la langue punu, c’est entrer au cœur même d’un peuple, c’est déchiffrer la trame intime de ses relations, la sagesse de ses ancêtres et la beauté de son lien avec la nature et le cosmos. À travers ce riche vocabulaire familial, celui des astres, des animaux et même des chiffres, se révèle toute la complexité et la profondeur d’une culture qui a su préserver ses racines au fil des siècles.
Une famille, un monde en soi

Chez les PUNUS, la famille n’est pas qu’un simple groupe d’individus ; elle est un clan (ibandou), un univers qui s’étend du plus petit bébé (ditati) au plus vénérable arrière-grand-parent (kagulile). Chaque membre a un rôle précis, un titre qui rappelle sa place et son importance. L’aîné est ivounde, garant des traditions, tandis que le marine est le dernier-né, chéri et protégé. On appelle Djaji les grands frères ou grandes sœurs, protecteurs naturels, et le mughatsi désigne l’épouse, signe que le mariage, au-delà d’un simple lien, est une alliance respectée.
Cette richesse lexicale reflète aussi les relations complexes et parfois passionnées entre membres de la famille : ivale et pale évoquent les rivaux et rivales, tandis que diwavi traduit cette émotion humaine universelle, la jalousie.
La sagesse des astres et du temps

Au-delà de la famille, le vocabulaire punu illustre la proximité des PUNUS avec la nature et le cosmos. Le Niangu (soleil) éclaire le jour (ilumbu), tandis que la muwéli (mois) suit le rythme de la tsone (semaine). La lune, douce gardienne de la nuit, se nomme tsungi ou ngondi, éclairant le ciel (Djoulou).
Les éléments naturels sont aussi finement décrits : kaki pour l’éclair, mungudi pour le cyclone, dimungi pour le brouillard. Chaque mot est un fragment d’histoire, un héritage transmis oralement, qui rappelle aux générations présentes l’importance de respecter et comprendre leur environnement.
La vie au quotidien et ses symboles
La maison (Ndawou), le lit (Itsighe), la porte (Mounou Ndawou), ou même le stylo (Ireindoulou) prennent des noms qui témoignent de la créativité et de l’adaptation des PUNUS à la modernité tout en conservant leur identité.
Même les émotions universelles comme la souffrance (Digough), la pensée (Ditasse), ou le pardon (Kokolu) s’expriment dans cette langue avec une poésie et une profondeur remarquables.
Une culture vivante à travers la langue
Enfin, le vocabulaire des animaux (Mondi pour le chien, Ngandou pour le caïman, Doukabognou pour le pangolin) et de l’anatomie humaine (Mounou la bouche, Dissou l’œil, Mourime le cœur) rappelle que la langue punu est aussi une encyclopédie de la vie.
Le système numérique, riche et précis, illustre l’ingéniosité d’une civilisation qui a su compter et commercer avec ses propres mots : imossi (1), bidédji (2), jusqu’à kame (100) et ivévi ou tossini (1000).
Pourquoi préserver cette richesse ?

Dans un monde où les langues disparaissent à une vitesse alarmante, le vocabulaire punu apparaît comme un joyau à protéger. Il est le reflet d’une identité culturelle forte, d’un mode de vie et d’une vision du monde uniques. Apprendre, enseigner et transmettre ces mots, c’est aussi garder vivante la mémoire des PUNUS, de leurs ancêtres et de leur lien avec la terre et le ciel.


