Stratégie du Gabon pour l’Industrialisation

Un tournant vers la transformation locale
Le Gabon, sous la direction de Brice Clotaire Oligui Nguema, s’engage dans une transformation économique significative. L’objectif est clair : réduire la dépendance aux exportations de matières premières brutes. Dans un monde de plus en plus conscient de la valorisation des ressources naturelles, le pays, riche en manganèse et en pétrole, aspire à maximiser la valeur ajoutée de ses ressources sur son territoire plutôt que de les exporter sous forme brute.
Le 4 août 2025, Alexandre Barro Chambrier, Vice-président du gouvernement, a initié des négociations avec AML Holdings, une entreprise japonaise, pour établir une usine de transformation du manganèse. Ce projet vise à interdire l’exportation de manganèse brut d’ici 2029. En plus de créer des emplois, cette initiative pourrait stimuler l’économie nationale et renforcer la position du Gabon sur le marché mondial des produits transformés.
Au-delà du manganèse, cette stratégie s’inscrit dans une vision plus vaste. Le Gabon ambitionne de devenir un acteur clé dans la chaîne de valeur des matières premières. En développant des infrastructures adaptées et en attirant des investissements étrangers, le pays espère transformer ses ressources naturelles en produits finis, augmentant ainsi ses revenus et diversifiant son économie.

Développement des secteurs pétrolier et agricole
En parallèle avec l’initiative de transformation du manganèse, le Gabon met un accent fort sur le secteur pétrolier. Le 28 juillet 2025, Jérémie Ayong Nkodjie Obame, directeur de Jano Fuel & Technology, a proposé la construction d’une nouvelle raffinerie. Elle est conçue pour traiter entre 30 000 et 90 000 barils de pétrole par jour, en collaboration avec Atlantean Energea International. Ce projet vise à réduire les importations de produits raffinés tout en valorisant le pétrole brut produit localement.
La Société Gabonaise de Raffinage (SOGARA) ambitionne également d’augmenter sa capacité de production à 1,25 million de tonnes par an d’ici 2027, avec un projet d’extension vers 1,52 million de tonnes d’ici 2029. Ces efforts visent à garantir l’autonomie énergétique du Gabon, permettant ainsi aux bénéfices de l’industrie pétrolière de profiter davantage à l’économie locale.
Le secteur agricole, traditionnellement sous-exploité, suscite également un nouvel intérêt. La Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab) a observé une augmentation substantielle des ventes de cacao et de café, passant de 36 millions de Francs CFA en 2023 à 162 millions en 2024. Cette dynamique résulte d’initiatives visant à revitaliser les plantations et à améliorer l’accès aux marchés internationaux, contribuant ainsi à diversifier les sources de revenus du pays.

Vers une économie diversifiée et durable
La stratégie du Gabon dépasse la simple transformation des matières premières. Elle intègre aussi le développement des énergies renouvelables, notamment solaires et hydroélectriques. En investissant dans ces secteurs, le pays vise à diminuer sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles tout en promouvant un développement durable. Cette approche est essentielle pour affronter les défis environnementaux actuels et assurer un avenir énergétique stable et respectueux de l’environnement.
Lors de la conférence « À la découverte du Gabon et de ses opportunités » à l’Expo Osaka 2025, Alexandre Barro Chambrier a mis en avant l’importance de ces initiatives pour l’avenir économique du pays. En favorisant la transformation locale, le Gabon souhaite bâtir une économie plus résiliente face aux fluctuations du marché mondial.
En somme, la stratégie gabonaise pour réduire sa dépendance aux matières premières brutes repose sur une vision intégrée de l’industrialisation, de la diversification économique et de la durabilité. Alors que le pays se projette vers une nouvelle ère de développement, il est crucial de se questionner : ces initiatives seront-elles suffisantes pour véritablement transformer l’économie gabonaise et garantir un avenir prospère pour ses citoyens ?


