Invité ce soir sur les plateaux de TV5MONDE, Brice Laccruche Alihanga, le désormais conseiller stratégique de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB) pour le compte du Haut-Ogooué, a livré un témoignage d’une intensité rare. Plus qu’un récit personnel, c’est une parole lourde de sens, empreinte de douleur, de loyauté, et d’interpellations directes à ceux qui, hier encore, se croyaient intouchables.
Le rêve étouffé d’un homme de l’intérieur

Dans un calme presque solennel, il est revenu sur ses années passées dans le premier cercle du pouvoir, à la tête du cabinet présidentiel d’Ali Bongo Ondimba. Porté, dit-il, par des idées de justice sociale, d’émancipation de la jeunesse et d’efficacité de l’action publique, il raconte avoir très tôt compris que ses ambitions se heurteraient à un mur d’intérêts figés.
« On ne voulait pas de changement. On voulait la continuité du confort pour quelques-uns. »
Une ambition dynastique, un basculement brutal
Mais le choc, celui qui le fait basculer de l’ombre à la cellule, vient d’un échange glaçant. Il évoque ce jour où Nourredin Bongo Valentin l’aurait convoqué pour lui exposer une ambition : prendre la tête du pays, au nom de son sang, de son nom, de son “héritage naturel”.
« Ce jour-là, j’ai su que ma place n’était plus là. Quelques temps plus tard, j’étais à l’isolement. Ma femme embastillée. Mon frère, lui aussi arrêté. »
La maladie, l’oubli et le silence

Dans le silence des murs de prison, une autre épreuve surgit : la maladie. Privé de soins durant sa détention, il contracte un cancer. Le dire ainsi, d’un ton presque clinique, n’ôte rien à la gravité de l’aveu.« On m’a refusé l’accès aux soins. Je suis tombé malade. Ce cancer, je le porte comme une trace de l’indifférence. »
La France pour se soigner, le Gabon pour affronter
Il raconte ensuite ses voyages médicaux, quatre séjours en France pour tenter de sauver ce qui peut l’être. Mais à chaque fois, il revient.Il revient au pays. Il revient devant ses juges. Il revient devant le peuple.
« Je n’ai jamais fui. Parce que, moi, je crois à la justice quand elle est enfin libre. »
Une exigence morale envers ceux qui ont fui
Et dans un silence pesant, il lâche une phrase qui fera date :« Que les Bongo Valentin en fassent autant. »
Eux, dit-il, ont pu quitter le pays à temps. Grâce à ce qu’il appelle une justice encore manipulée hier, mais devenue enfin indépendante aujourd’hui. Il exige qu’ils répondent, eux aussi, à l’appel de la vérité.
Une parole grave, un retour assumé

Ce soir, Brice Laccruche Alihanga n’a pas seulement parlé. Il a pesé chaque mot. Il n’a pas seulement raconté un calvaire personnel, mais tendu un miroir à un système qui s’effondre.Il est revenu. Il a souffert. Il a parlé. Et il exige que les comptes soient soldés.


