Ce vendredi, sur le ton solennel d’un curé en pleine messe d’enterrement, Ali Akbar Onanga Y’Obegue a fait lecture d’une déclaration qui fera sûrement sourire les Gabonais les plus patients, pleurer les plus lucides, et rire les autres : Ali Bongo Ondimba, depuis son lieu d’exil non divulgué mais bien connecté, se déclare opposant politique.
Oui, vous avez bien lu. L’homme qui a dirigé le Gabon pendant près de 14 ans avec une passion modérée pour la démocratie et une tendresse certaine pour les coups de force, se découvre aujourd’hui une vocation de résistant. Et comme dans toute grande comédie, il annonce qu’il ne se présentera à aucune élection, comme pour rassurer ceux qui auraient pu, à tort, penser que l’exil altère le bon sens.
Un opposant qui ne veut pas le pouvoir ? Une première mondiale !

Il faut le reconnaître : Bongo invente un nouveau genre politique. L’opposant passif-agressif. Il dénonce sans vouloir gouverner. Il critique sans vouloir changer. Il s’oppose, mais du bout des lèvre et de loin. Pas trop fort non plus, faut pas réveiller ses vieux démons (ni ses anciens électeurs).
C’est donc depuis les salons climatisés de l’exil que l’ex-président tente un retour médiatique à défaut d’un retour politique. On imagine bien les débats en visioconférence avec ses fidèles égarés, autour d’un thé à la menthe et d’un wifi haut débit :
« Bon, on s’oppose à quoi aujourd’hui ? À l’électricité qui revient ou aux routes qui se réparent ? »
Ali Akbar, fidèle porte-voix et lecteur de parchemin

La lecture de la déclaration par Ali Akbar Onanga Y’Obegue récemment nommé SG du PDG replié a tout d’un sketch. À mi-chemin entre un acte de loyauté comique et un numéro de ventriloquie. L’homme lit avec sérieux un texte qui, dans un monde logique, aurait dû être accueilli par des éclats de rire ou une alerte de comédie politique sur les réseaux sociaux.
On s’interroge d’ailleurs sur le casting. Pourquoi Ali Akbar ? Pourquoi maintenant ? Le suspense est moins politique que théâtral. Peut-être un hommage aux grandes heures du PDG version tragédie burlesque.
Un pays, des priorités. et des spectateurs amusés

Alors que le Gabon panse encore les plaies d’un long règne familial, tente de remettre debout ses institutions, et rêve de lendemains plus crédibles, voilà que l’ancien chef de l’État se rêve en opposant mais à condition de ne pas être trop dérangé. Un opposant en pantoufles, sans meeting, sans programme, sans conviction affichée. Bref, un opposant VIP.
Finalement, cette déclaration fait plus que sourire : elle rappelle qu’au Gabon, la politique est parfois un théâtre où les anciens rois aiment revenir sur scène même quand le rideau est déjà tombé.
Conclusion
Ali Bongo est désormais opposant. Mais attention : opposant sans ambition, sans calendrier, sans agenda. Une forme rare et inoffensive, presque décorative, du militantisme. Le Gabon découvre une nouvelle race politique : l’opposant hors service.


