Impact dévastateur de la crise anglophone sur l’éducation au Cameroun

Une crise éducative sans précédent
Depuis des années, la crise anglophone frappe durement le Cameroun, et ses effets sur le système éducatif sont tragiques. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute a révélé, lors de la 7e session du Plan présidentiel de reconstruction et de développement (PPRD) en juillet 2025, qu’environ 150 000 enfants sont portés disparus dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Beaucoup de ces disparitions sont attribuées à des enlèvements orchestrés par des groupes sécessionnistes, exploitant la détresse des familles plongées dans un environnement de violence.
Ce tableau est alarmant. Plus de 200 000 enfants ont fui les salles de classe, un fait confirmé par l’Unicef en juin 2025. Le taux de scolarisation dans ces régions est extrêmement bas, et des enfants n’ont pas mis les pieds à l’école depuis plus de cinq ans. Cette interruption représente une perte d’opportunités éducatives aux conséquences potentiellement dévastatrices pour plusieurs générations.
Les écoles, censées être des refuges d’apprentissage, sont désormais des cibles. Environ 80 % des établissements scolaires dans les zones touchées ont fermé, privant ainsi des milliers d’enfants de leur droit à l’éducation. Ce vide éducatif est d’autant plus préoccupant dans un pays où l’éducation est perçue comme un levier crucial pour le développement social et économique.

Les conséquences psychologiques et sociales
Les répercussions de cette crise dépassent largement l’absence d’éducation. Les enfants disparus et ceux qui ont quitté l’école portent des cicatrices psychologiques profondes. La peur, l’anxiété, et le traumatisme sont devenus des compagnons quotidiens. Les récits des familles touchées illustrent des expériences déchirantes, nourrissant un climat de terreur qui empêche les enfants d’imaginer un futur serein.
Des experts en psychologie de l’enfance mettent en lumière les effets dévastateurs de ces expériences traumatisantes, qui peuvent engendrer des troubles de l’apprentissage et des difficultés d’intégration sociale. Dans un environnement instable, les enfants sont moins enclins à développer des compétences sociales et émotionnelles saines. Cela peut créer des obstacles à leur future intégration dans la société.
Sur le plan économique, la déscolarisation massive revêt des implications significatives. Une étude de la Banque mondiale souligne qu’une année d’éducation perdue peut réduire de 10 % les revenus futurs d’un individu. Dans un pays déjà fragilisé par des défis économiques, la perte de capital humain pourrait freiner le développement du Cameroun pour des décennies.

Vers une reconstruction éducative
Face à cette situation critique, des initiatives commencent à émerger afin de reconstruire le système éducatif dans les régions affectées. Le gouvernement camerounais, en collaboration avec des organisations internationales, développe des programmes de soutien pour les enfants déscolarisés. Ces efforts visent non seulement à réintégrer ces enfants dans le système éducatif, mais aussi à leur fournir un soutien psychologique pour les aider à surmonter leurs traumatismes.
Les ONG, tant locales qu’internationales, jouent un rôle crucial dans cette dynamique. Elles instaurent des écoles temporaires et des programmes d’éducation informelle pour répondre aux besoins urgents des enfants. Toutefois, ces initiatives requièrent un financement constant et un engagement à long terme pour garantir leur efficacité.
Il est impératif que la communauté internationale prenne la mesure de cette crise éducative et agisse en conséquence. Les enfants du Cameroun, notamment ceux des régions anglophones, méritent la chance de bâtir un avenir meilleur. La question cruciale demeure : comment pouvons-nous, en tant que communauté mondiale, veiller à ce que ces enfants ne soient pas laissés pour compte dans la quête de l’éducation et de la paix ?


